Votre Excellence,
Je souhaite vous faire part de ma consternation face l’intensification de la répression visant la population civile kurde ainsi qu’aux très nombreuses arrestations d’ élus, de journalistes, de syndicalistes et de militants des associations des droits de l’homme perpétrées ces derniers jours.
Ainsi, le 7 décembre dernier, 87 personnes ont été placées en garde à vue dans les Provinces de Mardin, Siirt et Batman. Parmi elles, figurent notamment le Maire de la ville de Siirt, Selim Sadak, que j’ai personnellement rencontré, fin octobre, avec une délégation d’élus français. Nous nous sommes en effet rendus à Diyarbakir, Batman et Siirth pour comprendre et témoigner de la situation faite aux Kurdes en Turquie. Ce que nous avons vu, les dizaines de témoignages recueillis auprès d’élus, de responsables politiques, syndicaux ou associatifs, d’avocats, de médecins, d’étudiants, de victimes de la répression dépassent en gravité ce que nous avions pu imaginer.
A l’emprisonnement récente de Selim Sadak s’ajoute ceux de Maires-adjoints, des Conseillers municipaux et régionaux, de nombreux dirigeants locaux du parti kurde BDP et de différentes organisations de la société civile telles que Kurdî-Der, association qui milite pour la protection de la langue kurde.
Des rafles se sont également produites dans les provinces de Dersim, Adana et Urfa, conduisant à l’arrestation d’une trentaine de dirigeants locaux et membres du BDP, d’élus, de syndicalistes et d’employés de mairie.
L’arrestation de tous ces élus, qui ont reçu la légitimité populaire est particulièrement scandaleuse et totalement étrangère aux droits de l’homme.
A l’instar de nombreux démocrates de mon pays et d’ailleurs, je suis extrêmement inquiet de l’évolution de cette situation. En Turquie comme ailleurs, les atteintes aux libertés fondamentales doivent cesser. Puisque les questions posées sont la reconnaissance des droits universels à s’exprimer, à exister avec son identité, à vivre libres et égaux dans la paix, la question kurde ne peut plus être ignorée. C’est le sens du message que j’ai souhaité porter à votre parlement, lors d’une conférence de presse que j’ai tenu à Ankara le 2 novembre dernier.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir faire part de mes préoccupations aux autorités de votre pays.
Je vous prie d’agréer, votre Excellence, l’expression de mes salutations les plus distinguées.