Votre Excellence,
Je vous ai sollicité il y a quelques jours sur la situation des élus emprisonnés dans votre pays. Les atteintes aux droits de l’homme y concernent également les journalistes. En tant que démocrate, je soutiens la liberté d’expression et, dans ce cadre, la liberté de la presse. La presse internationale et les associations de défense des droits de l’homme ont dénoncé récemment la situation de 71 journalistes kurdes et turcs, actuellement emprisonnés en Turquie, dans le cadre de la loi anti-terroriste.
A ce titre, je suis extrêmement préoccupé par le cas emblématique du journaliste Soner Yalçın, journaliste de renom, dirigeant du site OdaTV, qui doit à nouveau comparaître le 27 décembre prochain devant la justice à Istanbul après deux ans de prison. C’est avec beaucoup d’émotion et de gravité que j’ai reçu sa compagne, au Senat, le 13 décembre dernier.
Agé de 47 ans, ce journaliste collabore ou dirige des supports médiatiques en Turquie depuis près de 25 ans, dans la presse ou à la télévision. Il était, jusqu’à son emprisonnement, l’un des chroniqueurs du grand quotidien Hürriyet. Populaire dans son pays, Il a écrit douze livres, dont beaucoup se sont vendus à plus de cent mille exemplaires.
Durant sa vie professionnelle, il a enquêté sur l’histoire récente de votre pays, sur les meurtres irrésolus de personnalités politiques ou journalistiques, sur les mafias, les gangs, les organisations illégales agissant à l’intérieur de l’État, et les factions religieuses extrémistes. Pour avoir fait ce travail d’investigation, il a reçu des menaces de mort à plusieurs reprises et a dû se cacher pendant des mois tout en continuant son travail. Il a par ailleurs témoigné devant la cour européenne des droits de l’Homme et des commissions de l’Assemblée nationale turque sur des enquêtes sensibles.
Reconnu comme journaliste indépendant, il est accusé d’être membre d’une organisation « terroriste » appelée « Ergenekon », avec laquelle il a toujours proclamé n’avoir rien à voir. Après cinq ans d’instruction, les procédures ne sont toujours pas achevées.
Une pétition a été signée par plus de 80 syndicats du monde entier pour demander la libération de tous les journalistes emprisonnés. Je m’associe pleinement à cette démarche et souhaite tout particulièrement la libération de Soner Yalçın le 27 décembre prochain.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir faire part de mes préoccupations aux autorités de votre pays et vous prie d’agréer, votre Excellence, l’expression de mes salutations les plus distinguées.
