Air France confond la Charia et les valeurs fondamentales

Publié le 17 janvier 2005 à 19:30 Mise à jour le 8 avril 2015

Lettre à la Ministre de la parité et de l’égalité professionnelle

La Compagnie Air France contraint ses personnels navigants commerciaux féminins en mission sur l’Iran au port du foulard et de vêtements amples à la sortie de l’avion à Téhéran. En cas de refus de leur part, ces hôtesses subissent des pénalités financières.
La Direction de la Compagnie explique cette obligation par la nécessaire « tolérance et le respect des cultures et des coutumes » comme étant, pour elle, des valeurs fondamentales dans les différents pays qu’elle dessert.
Nous savons, hélas, que c’est une obligation imposée à toutes les femmes de la République Islamique d’Iran. Mais ceci ne peut être considéré comme une « coutume ». C’est par contre une atteinte à la dignité des femmes, une violence inacceptable à leur égard.
Il s’agit là de règles établies par la Charia, pour lesquelles il me semble inconcevable de parler de « tolérance » ou de « valeurs fondamentales ». En cette année 2005, notre pays réaffirme à juste titre la laïcité comme étant une des valeurs qui fondent notre République.
Des femmes, des défenseurs des droits, de l’égalité, mènent en Iran et dans le monde le combat contre l’obscurantisme. Que des citoyennes françaises refusent de porter le symbole de la soumission, celui de la violence faite aux femmes par les intégristes, est tout a fait légitime. Ce faisant, les hôtesses de l’air défendent leur dignité ; leur attitude doit être respectée.
Sanctionner, comme le fait Air France, le refus du port du foulard et d’un vêtement ample, est par ailleurs tout à fait injuste et inégalitaire au regard du fait que, par hypothèse, seuls les personnels féminins sont concernés.
Le syndicat UGICT-CGT a proposé de mettre en œuvre, sur les lignes France-Iran, le principe du volontariat. Ce principe n’a rien de nouveau. Il a déjà été appliqué, par exemple lors de la guerre du Golfe ; sur les vols vers La Mecque, le personnel navigant est exclusivement masculin.
Je souhaite que vous interveniez en ce sens auprès de la Direction d’Air France, ceci afin que la rupture d’égalité entre les hommes et les femmes soit supprimée et que la dignité des hôtesses soit respectée.

Nicole Borvo Cohen-Seat

Ancienne sénatrice de Paris et présidente du groupe CRC

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