Accueil d’urgence des Rroms

Publié le 5 mai 2008 à 16:48 Mise à jour le 8 avril 2008

Monsieur le Sénateur Maire,

Demain, mardi 8 avril, la journée est déclarée Journée Mondiale des Rroms en souvenir du 8 avril 1971, date de la création du Congrès Mondial Rrom.
Parallèlement, le Sous-Préfet des Bouches-du-Rhône, chargé de la question des gens du voyage, aurait signé les autorisations d’expulsion des quelques groupes repérés dans Marseille.

Aussi, je saisis cette occasion du 8 avril 2008, pour vous interpeller Monsieur le Maire au sujet de l’absence de politique d’accueil à Marseille pour ces gens du voyage, originaires des différents pays de l’Est, qui séjournent dans notre Département, principalement à Marseille, dans des conditions de grande précarité.

En effet, depuis le 1er janvier 2007, les ressortissants Roumains et Bulgares peuvent, tout comme les autres citoyens de l’Union, circuler librement et sans entraves en France comme sur le reste du territoire de l’Union européenne pendant un délai de trois mois. Cette liberté de circulation est fondée sur le traité instituant la communauté européenne (traité CE) et sur les traités d’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, ainsi que sur la directive européenne qui régit le droit à la circulation et au séjour des citoyens européens (directive 2004/38/CE).

Sans logement, ni régularisables, ni expulsables, parce qu’originaires des nouveaux pays européens, ces familles survivent dans des squats et bidonvilles sans aucune perspective d’accès au statut de résident, de stabilité, d’intégration, d’emploi. Les faits s’imposent à nous.

Est-il possible de continuer à nier cette situation que seuls les divers mouvements associatifs et militants s’efforcent de prendre en compte en prodiguant, dans un souci humanitaire, les soins minimums ?

Ainsi et à juste titre, l’Association Rencontres Tziganes, le MRAP, la CIMADE, la LDH, l’AMPIL ou encore la Fondation Abbé Pierre, estiment qu’on ne saurait ignorer plus encore ces populations, et sont demandeurs de la mise en œuvre d’une politique d’accueil autre que celle qui consiste à tolérer autant que faire se peut la politique du squat assimilable, in fine, à une volonté de cacher la misère.

Tolérance qui connaît ses limites dès lors que l’occupation des locaux, même ceux laissés à l’abandon depuis plusieurs années, occasionne des désagréments pour le voisinage, voire pour l’image de Marseille, ainsi que des risques de salubrité publique. Faute de réponse adaptée la Ville saisit la Justice.

Mais à quoi bon, Monsieur le Maire, persévérer dans ce système qui consiste à déloger les Rroms pour les envoyer un peu plus loin chez le voisin, tant on sait qu’ils reviendront ?

Comment nous satisfaire de cette procédure, qui n’est qu’un pis-aller, ou comment renvoyer sur d’autres nos propres responsabilités ?

N’estimez-vous pas qu’il serait plus constructif de se situer sur le terrain de la citoyenneté et des droits de l’homme et d’apporter une réponse de qualité à une situation trop souvent faite de référés, de recours en justice, d’interventions des forces de l’ordre, à l’évidence sans efficacité ?

Les Associations précitées se sont organisées ces derniers mois pour tenter de répondre à la détresse humaine et sociale dans laquelle sont ces familles. Une commission permanente a vu le jour chargée d’effectuer un suivi des familles, de comprendre leurs attentes, de répondre aux besoins fondamentaux.

Le temps est venu que les pouvoirs publics apportent des situations durables, notamment la mise à disposition de terrains équipés et de logements d’urgence où regrouper ces groupements. Et ce d’autant que le déplacement de ces derniers au gré des procédures d’expulsion favorise la dispersion des familles dans la ville et rend plus difficile encore le suivi sanitaire et social effectué par le tissu associatif.

Par conséquent, quelles réponses pérennes allez-vous apporter, Monsieur le Maire, à cette situation qui n’a que trop perduré ?

Dans l’attente de vous lire,

Et vous remerciant par avance pour l’intérêt que vous ne manquerez pas de porter à la présente.

Je vous prie de croire, Monsieur le Sénateur Maire, à l’assurance de mes respectueuses salutations.

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