Le port du masque est désormais obligatoire dans les transports. C’est très important, mais comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises, encore faut-il que les personnes puissent se procurer un masque.
Notre amendement vise à corriger un point important. Il serait en effet totalement injustifié que les personnes qui ne portent pas de masque, non pas par refus, mais du fait de la difficulté à s’en procurer, soient sanctionnées par une contravention. Pourquoi sanctionner quelqu’un qui n’a pas eu la possibilité de se procurer un masque ? Il faut créer les conditions de cette obligation.
Dans de grandes métropoles, notamment en Île-de-France, des transporteurs comme la SNCF ou la RATP appellent au secours. Ils craignent qu’il n’y ait des bousculades, voire des émeutes au moment où les transports vont reprendre, du fait des difficultés de respect de la distanciation et des difficultés à se procurer ce fameux masque.
Or, à cette heure, nous n’avons aucune garantie que des masques seront distribués dans les stations de métro et les gares de RER ou de train aux salariés se rendant sur leur lieu de travail.
S’il convient de sanctionner quiconque refuse de porter le masque et brave la décision prise pour la sécurité sanitaire de tous et de toutes, l’on ne peut sanctionner celui qui n’a pas eu la possibilité de s’en procurer du fait d’une défaillance dans l’acheminement des masques.
Nous sommes alertés chaque jour dans nos territoires par des populations inquiètes et par des professionnels comme les pharmaciens. Telle est la situation à laquelle nous sommes rendus.
J’en profite pour redire que mon groupe juge que le masque devrait être gratuit et pris en charge à 100 % par la sécurité sociale.
Tout d’abord, je n’ai pas eu de réponse quant à la différence qu’il convient de faire entre une personne qui n’a pas pu se procurer de masque et celle qui refuse d’en porter. Tel était l’objet de notre amendement.
Ensuite, depuis le début de la crise, mon groupe est extrêmement critique sur les choix politiques qui sont faits en matière de santé par ce gouvernement, qui a amplifié les choix précédents et qui n’a pas l’air de tirer de leçons de la crise terrible que nous vivons.
Monsieur le ministre, je ne doute ni de votre engagement personnel ni de la mobilisation de votre équipe dans ce moment crucial, terrible.
En revanche, avec mon groupe, je mets en cause les choix que vous faites et nous regrettons que vous n’écoutiez pas la voix d’un certain nombre d’élus, issus de toutes les sensibilités politiques. Je ne suis pas paranoïaque, et, bien que j’aie été la seule à qui le Premier ministre n’a pas répondu, je n’ai pas pour habitude de considérer que notre groupe est moins bien traité.
Mme Deroche a pris l’exemple du 9-4. Je suis élue de ce département que nous préférons d’ailleurs appeler le Val-de-Marne. Une pharmacie de Gentilly où je me suis rendue samedi venait de recevoir un mail de son fournisseur lui signifiant qu’elle ne recevrait pas les masques commandés pour le 18 mai.
M. Olivier Véran, ministre. C’est un fournisseur privé, ce n’est pas l’État !
Mme Laurence Cohen. C’est un fait dont je vous rends compte. Je ne l’ai pas inventé. Je ne doute pas que vos équipes soient mobilisées jour et nuit. Il reste que je n’ai pu me procurer de masque pour prendre les transports. Je viendrai donc au Sénat à vélo – cela ne me gêne pas, car je ferai ainsi du sport – ou avec ma voiture personnelle – ce serait plus gênant, car cela provoquerait de la pollution.
Je vous rends compte d’un fait et je vous demande de modifier vos choix en conséquence. Il est inadmissible que la grande distribution possède des stocks de masques et que les professionnels médicaux et paramédicaux en manquent encore.
Dans certains centres médico-psychologiques, des patients ne peuvent pas suivre des séances de psychothérapie du fait du manque de matériels de protection – masques, etc. Entendez-le ! Vous ne pouvez pas nous dire que ce n’est pas vrai, puisque nous le constatons sur le terrain. Il faut le prendre en compte.