Cet article, si l’on en croit l’exposé des motifs constitue l’un des éléments fondamentaux de la politique de lutte contre les discriminations et pour l’égalité des chances. La création de l’apprentissage junior, apprend-on doit permettre aux jeunes de retrouver le goût de la réussite « en consolidant l’acquisition de connaissances fondamentales et en accédant à une formation initiale diplômante ». Il doit concourir à renforcer la voie de l’excellence et contribuer à atteindre l’objectif de 500 000 apprentis.
À croire que l’essentiel dans le dispositif qui nous est proposé est d’aider à atteindre l’objectif que s’est fixé le gouvernement. Il est vrai que 500 000 apprentis âgés de 16 à 25 ans, cela fait autant de jeunes que l’on peut soustraire, sans trop de risques, à la douloureuse présentation statistique du chômage. Tout se passe comme si le développement de l’apprentissage était instrumentalisé aux seuls fins de pouvoir, pour dans une douzaine de mois, présenter un bilan pas trop négatif sur cette question de l’emploi. Tous les moyens sont bons, en cette matière.
Les études récentes des services de l’emploi sont parlantes. Si le nombre des demandeurs d’emploi dits de première catégorie est en baisse - baisse organisée à grands coups de radiations : 120 à 170 000 chômeurs chaque mois depuis le début de l’année 2005, celui des chômeurs d’autres catégories ne diminue pas : plus de 516 000 chômeurs à la recherche d’une activité réduite inférieure au mi- temps ; plus de 600 000 chômeurs à la recherche d’une activité réduite supérieure au mi- temps.
Les jeunes sont plus durement frappés : le taux global de chômage des jeunes de 15 à 24 ans sortis du système scolaire atteint 17 % chez les jeunes hommes et 24 % chez les jeunes femmes, avec des niveaux respectifs de 36 et de 41 % dans les zones urbaines sensibles.
Ceci corrobore les éléments fournis par le recensement qui soulignent la grande vulnérabilité, dans le monde du travail, des jeunes sortis trop tôt du système scolaire.
L’apprentissage junior est une réponse contradictoire, quand on sait que les entreprises ont besoin de personnel qualifié. Le contrat d’apprentissage junior s’apparentera à une orientation par l’échec : dépourvu de tout contenu pédagogique, il ne sera sanctionné par aucun diplôme.
Cet article remet en question le droit à la scolarité obligatoire jusqu’à seize ans qui a permis l’élévation du niveau de formation. À la difficulté scolaire, vous répondez par une formation illusoire. Dans bien des secteurs, on sollicite au contraire un relèvement du niveau de qualification et une plus grande maîtrise des fondamentaux de la culture scolaire commune. L’apprentissage junior, c’est de l’argent public gaspillé sans garantie d’efficacité. Nous ne pouvons vous suivre.