Intervention de Michel Billout au nom du parti communiste français lors du rassemblement de solidarité avec le peuple syrien au Panthéon le 25 Juin 2011
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Au cœur du Printemps arabe, les Syriens aussi se rebellent pour demander la mise en place d’une démocratie, le respect des libertés fondamentales et des Droits de l’Homme dans leur pays.
Le Parti communiste français se place résolument aux côtés de ceux qui se battent pour leur liberté, contre ceux qui les oppressent.
Mais plus de 100 jours après le début de la contestation en Syrie, la répression reste féroce.
Depuis les premières grandes manifestations à Daraa, Homa ou Damas, toutes sont réprimées dans le sang.
Depuis le début de la contestation, 1300 civils ont été tués par un Etat policier qui fait tirer l’armée à balles réelles sur les populations civiles, fait pilonner à l’arme lourde les villes résistantes. De son côté, la police secrète procède à des milliers d’arrestations et à la torture.
Le 29 avril dernier, un enfant de 13 ans, Amza, a été arrêté par la police secrète à Daraa pour avoir crié « à bas le régime ». Pendant un mois, aucune nouvelle. Jusqu’à ce que les autorités appellent ses parents pour qu’ils viennent chercher le corps de leur fils et l’enterrer. Ce jeune homme symbolise ce que le régime syrien est prêt à commettre comme atrocités : son corps portaient en effet les traces de tortues inouïes. Pourtant, l’autopsie officielle ne fait état d’aucune trace visible sur le corps.
Des usines sont transformées en prison où l’on torture massivement des hommes et des femmes.
Mais loin de dissuader les manifestants, ces atrocités ne font qu’accroître leur détermination.
Acculé, le régime intensifie sa répression, avec le soutien de l’Iran pour contenir et mater la révolte.
Il y a quelques semaines, le gouvernement Syrien a même apporté son soutien diplomatique et matériel à Kadhafi en envoyant des renforts en Libye, voulant ainsi montrer à la communauté internationale dans quel camp il se situait.
Ce contexte d’une rare violence pousse la population civile à fuir vers la Turquie. Plus de 11 000 Syriens ont déjà passé la frontière et sont réfugiés dans des camps gérés par le Croissant rouge turc.
Le régime syrien quant à lui, pour tenter de bloquer la frontière, masse ses troupes à proximité, renforçant les tensions avec son voisin turc et déstabilisant un peu plus la région.
Pour tenter de calmer la révolte, le Président syrien multiplie les discours à la télévision et promet des réformes. Evoquant un complot de la part de « terroristes armés qui sèment le chaos », Bachar al-Assad justifie ainsi le recours à la violence, la coupure des télécommunications avec l’étranger et l’interdiction pour les journalistes étrangers de franchir la frontière.
De nombreuses promesses d’une ouverture démocratique du régime ont déjà été faites. Nous ne pouvons pas plus les croire aujourd’hui que nous les avons attendues hier, notamment lors de l’accession au pouvoir de Monsieur Bachar al-Assad.
Dans son dernier discours du 20 juin, celui-ci a d’ailleurs expliqué que les réformes envisagées ne pouvaient être décidées dans la précipitation, et qu’il fallait ainsi d’attendre l’élection d’un nouveau Parlement en août. Mais comment peut-on organiser des élections lorsque la population est massacrée !
Les Syriens ne sont pas dupes et poursuivent leur combat légitime.
Le PCF appelle la France et l’Union européenne à renforcer les sanctions envers le régime syriens et ses dignitaires. L’Union européenne doit également mettre un terme immédiatement aux négociations avec la Syrie en vue de la signature d’un accord d’association.
Après s’être dévoyée à l’occasion du 14 juillet 2008 en invitant Monsieur Al-Assad à la tribune officielle du défilé militaire, la France se doit de réagir vite et tout faire pour que le Conseil de sécurité des Nations Unies décide de sanctions envers le régime syrien et demande notamment la traduction de Monsieur El-Assad devant la Cour Pénale Internationale.
Pour leur part, les communistes et leurs parlementaires exigent l’arrêt immédiat de toute répression. En leur nom, je veux dire notre solidarité avec le peuple syrien qui lutte avec courage pour l’établissement d’un Etat de droit en Syrie.