La question de l’eau en asie centrale

DÉLÉGATION FRANÇAISE À L’ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE DE L’O.S.C.E. ALMATY

Publié le 14 mai 2010 à 15:50 Mise à jour le 8 avril 2015

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Depuis déjà plusieurs années, notre assemblée a parfaitement su intégrer les questions environnementales dans le champ de ses préoccupations. Il faut dire que ces questions revêtent une importance particulière. C’est pourquoi j’aimerais évoquer aujourd’hui l’épineuse question de l’eau en Asie centrale.

Aucun de nous n’ignore que l’Asie centrale constitue l’une des régions les plus arides de notre planète, seulement parcourue par deux principaux cours d’eau. Au cours du dernier demi-siècle, l’urbanisation, l’industrialisation croissante, le gaspillage et la surexploitation de l’eau pour l’agriculture, en particulier la culture du coton, ont sérieusement porté atteinte aux rares ressources de la région. La mer d’Aral a perdu 80 % de son volume  ; la pollution des eaux de la Caspienne rend cette mer pratiquement inexploitable. Les sécheresses, de plus en plus fréquentes, ont fait baisser le niveau des réservoirs d’eau à leurs plus bas niveaux historiques.

Cette situation dramatique attise évidemment les tensions entre les États de la région, en particulier entre les pays situés en amont (Kirghizstan et Tadjikistan), qui contrôlent les ressources en eau, et les pays en aval (Kazakhstan, Ouzbékistan et Turkménistan), en situation de dépendance par rapport à l’eau, mais qui détiennent, en revanche, de nombreuses ressources énergétiques.

La coordination imposée du temps de l’ère soviétique afin de faciliter une répartition équitable des ressources, a volé en éclats depuis 1991. Les pays en amont construisent aujourd’hui des installations hydroélectriques, réduisant encore plus les ressources en eau disponibles pour les pays en aval qui, de leur côté, interrompent régulièrement leurs livraisons d’électricité.

Je crois que nous ne pouvons plus rester impuissants face à ce jeu non coopératif, qui risque de déstabiliser durablement la région. Il est de notre devoir de favoriser l’instauration d’un climat de confiance entre les acteurs de la région afin d’éviter une véritable catastrophe. Je sais que la communauté internationale se mobilise depuis plusieurs années pour encourager le dialogue et proposer des solutions. Des textes ont même parfois été signés, mais force est de constater qu’ils ne sont généralement pas appliqués par les parties.

Je pense que nous devons cependant persévérer dans cette voie, jusqu’à ce qu’elle porte ses fruits. L’intervention de l’ensemble des acteurs est indispensable : je pense au programme des Nations Unies pour le développement ; à l’Union européenne, dont l’un des volets du partenariat avec l’Asie centrale porte sur la coopération environnementale et le problème de l’eau ; à l’OSCE évidemment, qui dispose de bureaux dans les différentes capitales et peut ainsi faciliter le rétablissement de la confiance et s’assurer de la mise en œuvre des accords par les différents Gouvernements.

Je souhaiterais enfin insister sur le rôle déterminant que peut jouer la Russie dans ce processus. Pays voisin des Républiques d’Asie centrale, la Russie possède d’importantes ressources en eau. Il est d’ailleurs parfois question de détourner le cours d’un fleuve sibérien pour alimenter l’Asie centrale. La Russie a, par ailleurs, proposé à plusieurs reprises d’aider à développer l’énergie hydraulique dans cette région. En veillant à conserver une position mesurée et en proposant des solutions de compromis, j’espère que la Russie pourra contribuer à apaiser les tensions entre les acteurs.
Quoi qu’il en soit, il apparaît tout aussi urgent qu’indispensable que nous parvenions à un accord où aucun des pays de la région ne se trouvera lésé. J’espère que nous parviendrons à un dénouement rapide de cette crise.Je vous remercie.

Michel Billout

Ancien sénateur de Seine-et-Marne
Voir le site Contacter par E-mail Suivre sur Facebook

Ses autres interventions :

Sur le même sujet :

International