Monsieur le secrétaire général
Depuis le 15 février 2012, près de 400 prisonniers Kurdes, dont quatre députés, sont en grève de la faim illimitée dans les prisons Kurdes.
Cette action est relayée en Europe par un groupe de quinze militants Kurdes (10 hommes et 5 femmes) venus de toute l’Europe, qui a entamé une grève de la faim à Strasbourg le 1er Mars. Des milliers de kurdes ont par ailleurs observé une grève de la faim de deux jours, les 10 et 11 mars, à l’appel de la Confédération des associations kurdes en Europe, dans plus de 150 associations à travers l’Europe en signe de solidarité. Ils étaient 50 à Paris, 50 à Lahey, 50 à Antwerpen, 30 à Marseille, 23 à Arnhem, 15 à Athènes, 15 à Montpellier, 15 à Kassel. La grève a également été suivie à Melbourne, en Australie.
Les grévistes protestent contre l’isolement du leader kurde Abdullah Öcalan, emprisonné sur l’île d’Imrali depuis 1999 et interdit de rencontre avec ses avocats depuis le 27 juillet 2011. Ils demandent la libération d’Öcalan et de tous les prisonniers politiques, la reconnaissance officielle des droits collectifs du peuple kurde dans la constitution, notamment la reconnaissance de l’identité kurde et le droit à l’enseignement en kurde.
L’action des grévistes vise à dénoncer les opérations massives d’arrestations menées par la police turque contre l’opposition Kurde : près de 6400 arrestations en 3 ans ! Aujourd’hui sous couvert de complicité avec une organisation terroriste, un prétexte bien commode, des milliers de prisonniers politiques se trouvent emprisonnés dans les prisons turques, dont beaucoup de femmes et d’enfants de 12 à 18 ans. La grande majorité sont dans l’attente d’un procès. Ce sont aussi plus de 70 journalistes emprisonnés, plus de 130 élus : six députés, des conseillers régionaux, des maires, des maires adjoints, des Conseillers municipaux auxquels il faut ajouter des juristes, des syndicalistes, des militants des droits de l’homme...
Du 12 au 16 février dernier, je me suis rendu au Kurdistan, dans la région de Diyarbakır. Pendant mon séjour, il y a eu près de 160 arrestations le lundi 13 février et plus de 450 le mercredi 15 lors de manifestations pacifiques. A ces arrestations, il faut ajouter les violences exercées par l’autorité Turque à l’encontre des populations civiles kurdes, notamment lors de la célébration du Newroz 2012.
Face à l’oppression, les militants kurdes ont donc entamé cette action ultime, mettant leur propre vie en danger, pour attirer l’attention des instances internationales. Dans ce contexte, ils appellent le soutien des institutions européennes à entendre les revendications kurdes, et sollicitent l’intervention du Comité européen de prévention de la torture, seule organisation à pouvoir visiter la prison d’Imrali où le chef du PKK est détenu.
Dans ce cadre, je soutiens donc la demande de rencontre que vous ont formulées les associations Kurdes d’Europe et souhaite que vous y répondiez favorablement. Dans cette attente, je vous prie de croire, monsieur le secrétaire général, en l’assurance de mes sentiments les plus respectueux.