Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers Collègues,
Ma collègue et amie, Marie-France Beaufils a eu l’occasion de souligner combien le soutien public au développement des modes alternatifs à la route, en matière de fret notamment, constituait une impérieuse nécessité, face à des enjeux socio-économiques dépassant le cadre national. Au même titre que le fret ferroviaire, indispensable au nécessaire rééquilibrage modal, le fluvial et le fluvio-maritime constitue du point de vue du décongestionnement routier, mais aussi de celui de la sécurité du transport de marchandises dangereuses un intérêt majeur. Or, nous constatons en ce domaine un véritable recul par rapport aux engagements du précédent gouvernement.
Ainsi, la réalisation de la liaison Seine-Nord serait repoussée au-delà de 2020, rendant, soyons sérieux, Monsieur le Ministre, tout à fait hypothétique son éxécution. Elle répond pourtant à des impératifs écologiques avérés, vue la saturation du corridor Nord, aussi bien routier que ferroviaire, liée au manque d’une politique visant la mise en cohérence intermodale, à l’insuffisance de valorisation des plates-formes multimodales, comme celles de Dourges par exemple. Cette dernière a considérablement accru le trafic des poids lourds sur l’axe A1, créant des nuisances à la limite du supportable.
Outre les effets d’entraînement à attendre sur le plan économique de la connexion des voies navigables du nord, mais aussi des canaux européens, cette liaison devrait permettre d’alléger en fret routier toute la région d’île de France. Doit-on rappeler que des moyens de financement pour moderniser cet axe fluvial ont été prévus au contrat de plan Etat-région et que le dispositif élaboré par le précédent gouvernement, associant les contributions de l’Etat pour 1 milliard d’euros, celles de l’Union Européenne pour 500 millions d’euros et celles, à hauteur de 500 millions d’euros des trois régions impliquées ne paraît absolument pas irréaliste contrairement à ce que tend à affirmer le gouvernement.
De même, le projet d’écluse fluvial de PORT 2000 devrait être maintenu. L’écluse entre son nouveau bassin et la Seine permettrait une réduction du trafic routier poids lourds assurant les liaisons entre les ports d’Anvers, de rotterdam et de l’ensemble de la région île de France.
Nous avons besoin aujourd’hui d’une politique active dans le domaine fluvial et fluvio-maritime. Il devient urgent de moderniser notre réseau et d’assurer des connexions avec les fleuves européens, Rhin-Main-Danube, mais aussi le Mittland Kanal afin de valoriser les atouts économiques liés à une unification de l’Europe de l’ouest, centrale et orientale et ce face aux perspectives de l’élargissement de l’Union européenne.
Nous sommes également favorable à la liaison Rhin-Rhône, via la Moselle, qui permettrait de désenclaver les régions Rhône-Alpes, PACA et Languedoc-Roussillon en les ouvrant sur l’Europe du Nord, centrale et orientale. Il s’agit là d’impératifs économiques si nous ne voulons pas rester à l’écart de la dynamique européenne. Certes le financement d’un tel projet, dont le coût est estimé à 23 milliards d’euros, ne sera pas assuré si nous ne bénéficions pas de contributions européennes conséquentes et si nous ne mobilisons pas des fonds autour d’un pôle public de financement associant la CDC mais aussi la CNR, CCI et les collectivités territoriales dans la mesure de leur possibilité. Il va de soi que cette liaison fluviale n’a d’intérêt et ne sera efficace que si elle est complétée par un axe ferroviaire Rhin-Rhône dédié au fret.
Dans la même optique, il est également nécessaire de développer le cabotage maritime. Entre Marseille-Fos et les principaux ports de l’Arc méditerranéen, par exemple, ce mode alternatif offre une réelle solution à la saturation actuelle de l’axe Est-Ouest reliant la péninsule ibérique, la France et l’Italie. Il permettrait aussi de valoriser les atouts économiques de ce grand port européen, dont les retombées bénéficieraient à toute la région sud.
Je n’ai guère ici le temps de développer surd’autres projets. Je remarque que ce mode de transport est véritablement marginalisé et que le gouvernement ne semble lui accorder qu’un très faible intérêt.
C’est une fois de plus exclure la France des bénéfices du dynamisme européen, surtout dans la perspective de l’élargissement à l’Est et la contraindre toujours plus à subir la pollution et les nuisances liées à l’hégémonie de la route. En ce domaine, comme dans d’autres, le manque de volontarisme politique risque de nous faire passer à côté des principaux enjeux d’avenir. Nous ne saurions donc approuver une telle politique si peu ambitieuse, si peu consistante, compromettant l’aménagement harmonieux de notre territoire au prétexte d’insuffisant moyens financiers, sacrifiant des projets d’utilité publique et sociale au profit de normes de rentabilité dictée par les marchés financiers.