Privatisation de l’audiovisuel public voulu par l’extrême droite pour donner les clés aux propagandistes du pire ;
Prise de contrôle de titres, de chaînes de télévision, de radio par des milliardaires au service de son projet ;
Oui ! Débattre et légiférer en faveur de l’indépendance des médias et de la protection des journalistes est plus que nécessaire et c’est à ce titre que nous remercions nos collègues socialistes d’une telle initiative.
Tout d’abord, nous saluons le renforcement des sanctions de l’Arcom afin de les rendre davantage dissuasives.
Nous souhaitons tout de même alerter nos collègues sur la mesure visant à suspendre un média sans mise en demeure préalable afin de prévenir « toute ingérence malveillante, qu’elle soit nationale ou venue de l’extérieur ».
S’inspirant d’une décision du Conseil Européen de décembre 2022 visant à interdire les médias russes Sputnik et RT d’être diffusé sur l’ensemble des pays de l’Union, cette décision fut durement critiquée par la Fédération européenne des journalistes qui fédère près de 61 organisations de journalistes dans 40 pays et représentent près de 320 000 journalistes.
Son secrétaire générale, Ricardo Guttiérrez, avait ainsi qualifié de « dangereux précédent » ladite décision car si les règles de diffusion sont très claires en la matière avec par exemple l’interdiction de l’incitation à la haine en revanche, qualifier tel ou tel propos de propagandiste est éminemment dangereux.
La liberté d’expression, fut-elle propagandiste, est dans une démocratie protégée et ne vaut pas que pour ce qui fait consensus.
Ensuite, nous regrettons qu’aucune disposition ne vise un conditionnement des aides financières de l’Etat et des collectivités locales.
Ce texte souhaite s’inscrire dans l’esprit de la loi Bloche qui choisit davantage à inciter les groupes de média en les responsabilisant plutôt qu’en les contraignant.
Ce choix présente le risque de réduire l’efficacité des objectifs poursuivis par ce texte. En effet, la contrainte ne se réalise qu’a posteriori, une fois que le mal est fait, par des sanctions de l’Arcom.
Il aurait eu été intéressant de réfléchir à un mécanisme de conditionnement du versement des aides par le respect des conventions collectives du code du travail et de la protection sociale des journalistes afin de lutter concrètement contre la précarité du secteur.
Enfin, les Etats généraux de l’information ont rendu leurs conclusions le 12 septembre dernier et parmi celles-ci nous pouvons compter celle sur la modernisation des seuils anti-concentration.
En effet, les EGI ont reconnu que la loi de 1986 était devenue obsolète et qu’il s’agissait aujourd’hui de définir le « pouvoir d’influence » global d’un groupe plurimédias, entendez ici chers collègues sa capacité à atteindre lecteurs ou auditeurs, et de définir un seuil unique que les grands groupes ne pourrait pas dépasser.
Il est dommage que ce texte ne se soit pas saisi de cette question primordiale pour assurer le pluralisme.
Nous considérons toutefois que ce texte contient des avancées, certes timides, mais qui vont dans le sens d’une protection accrue des journalistes et de l’indépendance des médias et c’est pourquoi mon groupe votera pour.