Code de l’éducation

Publié le 28 janvier 2003 à 00:00 Mise à jour le 8 avril 2015

par Ivan Renar

En écoutant, en commission, le rapport de M. Richert, j’ai découvert quelle mobilisation avait été nécessaire pour cette simplification, et j’ai découvert aussi à quels loisirs textuels pervers peuvent se complaire certains fonctionnaires de l’éducation nationale. Ce travail, il fallait pourtant le faire.

Le président de la commission a parlé de « travail de bénédictin » et certes, dans un passé plus lointain, quand l’écriture de l’éducation, qui ont toujours eu partie liée, étaient l’œuvre des clercs, les bénédictins de Cluny, dès 910, puis ceux de Saint-Vanne et de Saint-Maur ont transcrit, traduit, transmis les savoirs anciens et développé les connaissances d’alors. Les petites écoles du Moyen- Âge ne possédaient pas de bâtiment, c’étaient des cercles fermés de transmission du savoir. C’est l’époque où saint Bernard écrivait : « Ce n’est pas dans la connaissance qu’est le fruit, il est dans l’art de la saisir ».

Puis vint le xiie siècle, temps des cathédrales et de la naissance des universités. Un peu plus tard, François Villon, étudiant pauvre, en parlera dans ses poèmes.

Au xviiie siècle, celui des Lumières et des Encyclopédistes, la question de l’éducation des enfants est posée dans l’Émile de Jean-Jacques Rousseau. Au cours de la Révolution, Le Peletier de Saint- Fargeau, avant d’être assassiné à vingt-trois ans, rédige une première réforme de l’enseignement inspirée du préambule de la Constitution de l’an I - l’une et l’autre jamais appliquées : « le pain et l’éducation » sont les deux premiers besoins du peuple. Constitution jamais appliquée, disais-je, mais toujours d’actualité. Le pain, maintenant, c’est l’emploi et l’éducation, tout ce qui tend à la formation et à la culture. Ces mots phosphorescents de Condorcet : « il n’y a pas de liberté pour l’ignorant » devraient figurer au fronton des établissements publics !

L’éducation devient, au xixe siècle, un outil de l’État républicain au service de la modernisation politique et de l’industrialisation, car l’analphabétisme ralentit le développement. C’est le temps de « la République des Jules », Jules Ferry en tête, qui crée l’enseignement public gratuit, laïc et obligatoire - lui aussi toujours d’actualité.

L’œuvre a été poursuivie au xxe siècle et l’éducation nationale se trouve maintenant face à des connaissances et des technologies nouvelles, à un brassage de communautés et de cultures qu’il lui cimente pour former une République renouvelée, par l’apprentissage du dialogue des civilisations et du respect de l’autre et réaliser une authentique démocratisation du savoir, devenu accessible à tous.

Je pourrais parler de bien d’autres choses, de la scolarité à deux ans, de la décentralisation, de la pratique des langues vivantes, de l’insuffisance du budget, de la grève des enseignants aujourd’hui..., mais ce serait une impertinente façon de briser la langueur monotone de cette matinée. Aussi reviendrai-je sur la lecture du Droit à la paresse de Paul Lafargue, gendre de Karl Marx, moins diabolique qu’on a voulu le dire. (Nouveaux sourires.)

Je remercie notre rapporteur ainsi que tous ceux qui ont mené ce gigantesque travail. Il me reste plus qu’à passer le code pour avoir notre permis d’éduquer ! C’est pourquoi, avec mes amis, je voterai le texte.

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