Budget sports, jeunesse et vie associative

Publié le 10 décembre 2004 à 00:00 Mise à jour le 8 avril 2015

Intervention dans le débat sur le budget du Ministère des Sports, de la jeunesse et de la Vie Associative

Monsieur le ministre,

Les deux petites heures de débat que nous consacrons au budget du ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative sont d’une durée inversement proportionnelle à l’importance que devrait avoir ce ministère, mais correspondent en fait à l’importance du budget que le Gouvernement a décidé d’allouer à votre action.
Il ne doit pas être facile d’être ministre d’une priorité nationale, avec un budget aussi réduit, que vous qualifiez vous-même de « resserré ».
Certes, ce ministère a rarement eu beaucoup de moyens, mais, monsieur le ministre reconnaissez que c’est de pire en pire depuis deux ans.
En diminution de près de 3 % pour 2005, après une baisse sensiblement de même niveau l’an passé, les moyens de votre ministère sont, en fait, réduits de plus de 5 % sur deux ans.
Heureusement, nos concitoyens continuent à « taquiner » le sort, en misant sur divers jeux de hasard car, sans eux et leurs pertes aux jeux, l’Etat n’investirait pas dans le sport.
En réalité, l’essentiel de l’effort public pour construire, rénover et entretenir les équipements sportifs, ainsi que pour soutenir les clubs repose, vous le savez bien, sur les collectivités locales.
Mais qu’en sera-t-il demain avec l’application de la loi de décentralisation que vous venez de faire voter et qui va mettre à mal les finances de ces collectivités ?
Face à ces nouvelles obligations, je crains que leurs investissements et leurs dépenses en faveur des activités sportives ne diminuent. En outre, les inégalités territoriales vont encore se creuser.
Monsieur le ministre, le compétiteur que vous êtes doit être malheureux au fond de lui-même, surtout en cette année au cours de laquelle nous saurons si notre pays accueillera ou non les jeux Olympiques de 2012.
A cet égard, si vous pouvez être assuré de notre soutien dans cette compétition planétaire, je me demande, à la veille de cette importante décision, si la baisse de votre budget est un signe favorable.
Vous êtes heureusement un maître dans l’art de l’esquive ! (M. le ministre sourit.) Cela vous permet de défendre aujourd’hui un budget dont vos amis ne peuvent cacher la modicité.
Pourtant, vous animez le travail gouvernemental de l’un des principaux Etats de notre planète et intervenez dans des secteurs essentiels à la vie de nos concitoyens et dont l’importance sociétale n’échappe à personne.
Il s’agit du sport d’abord, qui représente le principal poste budgétaire dont vous avez la charge.
L’importance sociale de cette activité n’est plus à démontrer : elle interpelle le sens même de notre société et concerne l’immense majorité de notre peuple. Tous les Français aiment le sport et attendent de l’Etat une plus grande implication.
Il s’agit de la jeunesse ensuite, qui constitue le deuxième poste de votre budget, mais dont la modicité devient presque caricaturale. C’est pourtant un vaste domaine d’intervention, essentiel à notre société, à son présent comme à son avenir, et à sa cohésion.
Malheureusement, dans votre gouvernement, on parle plus de notre jeunesse à propos du budget du ministère de l’intérieur. En effet, celle-ci est le plus souvent mise à l’index et décrite comme devant être contenue, plutôt que soutenue dans ses efforts, valorisée dans ses actions et accompagnée dans sa vie, alors que 3 millions de jeunes et d’enfants ne partent pas en vacances.
Il s’agit de la vie associative enfin, dont le budget est microscopique. C’est pourtant l’un des principaux piliers de notre République en tant que traduction d’une liberté fondamentale, la liberté reconnue à tout citoyen de s’unir et de se regrouper pour débattre et défendre ses idées, pour intervenir et mettre en oeuvre les actions de son choix.
Vous le voyez, monsieur le ministre, je ne méconnais pas l’importance de vos missions : je déplore seulement le peu d’intérêt que le Gouvernement y porte.
En réalité, votre budget ne porte aucune ambition, vous ne faites qu’ajuster vos moyens étriqués à la gestion des affaires courantes.
Vous arrivez pourtant, et je vous en félicite, à tenir un discours volontaire. Malheureusement, derrière ces paroles souvent sensées, se cache une action a minima.
Cela dit, vos choix sont tout de même éloquents. Permettez que je m’y arrête un instant, en particulier à propos des nouvelles suppressions de postes dans votre ministère.
Vous parlez de recentrage en éliminant des personnels chargés de la logistique et de l’entretien, et vous allez plus loin que la plupart des autres ministres qui, pour réduire les effectifs, s’appuient sur les départs à la retraite. En ce qui vous concerne, vous allez obliger des agents à changer d’emploi.
Après les ATOS, les personnels administratifs, techniciens, ouvriers et de service de l’éducation nationale, votre gouvernement s’attaque donc aux personnels techniques des ministères, alors que leurs fonctions sont pourtant essentielles.
Votre gouvernement ne doit vraiment pas aimer les personnels ouvriers, pour vouloir, ainsi, les éliminer de la fonction publique d’Etat ! Vous préférez dépenser plus d’argent pour transférer leurs missions à des entreprises privées qui, depuis de nombreuses années, réduisent les salaires, flexibilisent le travail et précarisent ce type d’emplois. Vous ne serez donc pas étonné que je conteste ce choix.
Par ailleurs, j’espère que, en ces temps de restrictions budgétaires, vous vous êtes assuré de construire le budget minimum qui permette à la France, avec ses athlètes de haut niveau, de tenir son rang international. Si tel est le cas, je ne conteste évidemment pas ce choix.
Cependant, monsieur le ministre, d’un côté, vous disposez de 126 millions d’euros pour soutenir les efforts de 950 sportifs de haut niveau alors que, de l’autre, vous ne disposez que de 290 millions d’euros pour soutenir l’activité de 12 millions, voire plus, de licenciés. Il y a là, vous en conviendrez, un grand déséquilibre, qui illustre parfaitement, à notre sens, l’étroitesse de votre budget.
A l’évidence, bien d’autres points mériteraient d’être soulevés, mais mon temps de parole est très limité. Permettez-moi tout de même de vous dire que, en tant que maire, je suis déçu du manque de mobilisation autour du « coupon sport » et du ralentissement des contrats éducatifs locaux.
En fait, le Premier ministre et le ministre de l’économie et des finances de l’époque, en un mot le staff de l’équipe gouvernementale, ne vous ont pas octroyé les moyens nécessaires à votre action ; ils vous utilisent à contre-emploi en vous obligeant à une course de demi-fond, parsemée d’obstacles.
Monsieur le ministre, malgré certains efforts positifs que nous soutenons, s’agissant notamment de la lutte contre le dopage et de la candidature de Paris aux jeux Olympiques de 2012, le groupe communiste républicain et citoyen votera contre ce budget. (Applaudissements sur les travées du groupe CRC.)

Jean-François Voguet

Ancien sénateur du Val-de-Marne
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