À cette heure tardive, nous aurions pu faire relâche sans l’obstination de la commission des Finances à nous proposer des économies. Nous avons ici un amendement réduisant de deux millions d’euros des dépenses de la décentralisation culturelle. Avec cet amendement « culturicide » de la commission ce n’est ni plus ni moins que le soutien à la diffusion de programmes audiovisuels ou cinématographiques, l’appui que les D.R.A.C. peuvent apporter aux multiples manifestations organisées autour du livre, le financement attaché à certains festivals, ou encore l’activité de compagnies théâtrales qui se trouvent menacés. Chers Collègues de la commission des Finances, derrière les chiffres, il y a des faits, la vie culturelle de la nation, que vous réduisez exagérément à de simples considérations comptables alors que cela est d’abord affaire de création, de diffusion, d’essaimage et d’accès du plus grand nombre à la culture et à la beauté.
Cet amendement est symptomatique : alors que vous annoncez que vous ne toucherez ni aux crédits de la justice, ni à ceux de la sécurité ou de la défense, vous vous attaquez frontalement aux dépenses culturelles, sans doute parce qu’elles sont moins nobles à vos yeux que les autres. C’est dommage pour la force et l’image de la France qui résident dans l’estime des peuples du monde, et la recherche d’un dialogue entre la civilisation.
Mieux vaudrait réparer une fois pour toutes le Charles de Gaulle plutôt que de construire un nouveau porte-avions qui sera un véritable gouffre financier. N’oubliez pas ce que disait Malraux lors de l’inauguration de la maison de la culture de Bourges : « La culture n’est pas un refuge ni une consolation. C’est la condition de nos civilisations ».
On parle de coût de la culture, mais mesure-t-on le coût de l’absence de culture ? C’est pourquoi, nous vous invitons à rejeter cet amendement qui porte atteinte à la création par scrutin public.