Le gouvernement est aujourd’hui gravement mis en difficulté par les conséquences de sa politique austéritaire et son renoncement aux engagements de campagne, au premier rang desquels figurait la lutte contre « l’ennemi invisible », la finance.
C’est dans ce contexte que le Premier ministre tente un coup de poker aux contours mal définis, en engageant une remise à plat de la fiscalité. Il entend ainsi redonner le sentiment d’un gouvernement qui agit, qui aurait un cap. Nous lui avons dit « chiche », discutons de la fiscalité dans notre pays, lorsque nous l’avons rencontré le lundi 2 décembre à Matignon avec André Chassaigne, président du groupe GDR à l’Assemblée nationale. Mais nous lui avons aussi dit : discutons vraiment en donnant la parole au peuple, pas en décidant comme toujours en haut, en imposant des mesures « clefs en main », sans tenir compte de l’exigence citoyenne.
Comment ne pas s’inquiéter que le seul chantier déjà engagé par le gouvernement soit celui de la fiscalité des entreprises ? Pour discuter vraiment, pour tout mettre sur la table, il faut donner la parole au peuple. Et il ne faut pas craindre cette parole. Il faut aller au-devant, s’en ouvrir et proposer ainsi le changement qu’attend la grande majorité de notre pays, qu’attend en tout cas la majorité qui a élu François Hollande le 6 mai 2012. Notre proposition de construire les États généraux de la justice fiscale, dont la séance plénière se tiendra à la mi-juin après des mois de débats et de mobilisations décentralisés, repose sur cette exigence démocratique.
C’est aussi le fond du débat qui prendra une forme totalement différente avec l’expression populaire. Le gouvernement tente, on le voit bien, un tour de passe-passe. Il remet à plat, mais ne créé pas de nouvelles ressources. Il maintient aussi l’augmentation de la TVA et surtout, reste dans les clous du dogme austéritaire de la règle d’or du Traité Merkel-Sarkozy-Hollande.
La justice fiscale ne peut se concevoir sans nouvelle répartition des richesses. La justice fiscale ne peut se concevoir sans lutte pour le plein emploi, car le chômage vide les caisses de l’État et de la Sécurité sociale. La justice fiscale ne peut se concevoir sans augmentation du pouvoir d’achat. La justice fiscale ne peut se concevoir, enfin, sans s’attaquer au capital. Aujourd’hui, le débat se focalise encore et toujours sur les modalités de l’imposition des salariés. Bien sûr, il faut développer la progressivité de l’impôt.
Mais nous disons à François Hollande et à Jean-Marc Ayrault : attaquez-vous au capital qui ruine notre pays ! Nous leur disons de vraiment remettre à plat la fiscalité des entreprises qui bénéficient aujourd’hui, chaque année, de milliards d’exonérations fiscales et sociales sans contrepartie. Agissez une fois pour toutes fermement contre cette évasion fiscale scandaleuse que des grands patrons voyous continuent à organiser en toute impunité. Nous avons interpellé Jean-Marc Ayrault sur ce point précis qui, aux côtés de Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve, est resté de marbre, alors que plus de 80 milliards d’euros échappent impunément à l’impôt chaque année.
Oui, nous avons dit « chiche » au Premier ministre, « chiche » pour enfin s’engager vers la justice fiscale qu’attend notre peuple et prendre à contre-pied les sirènes du patronat qui, manipulant le désarroi et la colère, menacent le principe même de l’impôt républicain pour exonérer définitivement les patrons et fortunés de leur contribution à la société.