Dans les Hauts-de-Seine, dès septembre, deux collèges vont devenir des
« établissements CLAIR » (Collèges Lycées pour l’Ambition, l’Innovation et la
Réussite).
Annoncé à la clôture des Etats généraux sur la sécurité à l’école, ce nouveau label est lui aussi finalisé dans le secret du cabinet ministériel, pour se substituer à terme aux autres dispositifs existants pour les établissements dits « difficiles », notamment au réseau d’éducation prioritaire.
A ce jour, la liste complète des 100 établissements qui devraient être classés
CLAIR n’est pas connue. Les informations arrivent au compte-goutte ; les
rectorats traitent directement avec les chefs d’établissement sans en référer aux équipes pédagogiques et aux conseils d’administration.
Le ministère, alors même que ce dispositif n’est pas encore mis en place, parle pourtant de le généraliser à la rentrée 2011 ! Il est inadmissible qu’une fois encore, le Ministère mène ces réformes dans la plus totale opacité, sans en référer à personne, sans l’avis des personnels concernés et sans bilan préalable à toute généralisation.
Pourtant, ce label CLAIR, s’il venait à être généralisé, n’est pas une petite mesure.
Il consacre l’autonomisation des établissements en supprimant le cadrage national des affectations des enseignants. En effet, les établissements CLAIR voient certains de leurs postes bloqués pour un recrutement effectué par le seul chef d’établissement, sur profil et avec des enseignants soi-disant volontaires.
Les programmes scolaires ne seront pas forcément suivis, le socle commun devant être retenu comme seul horizon pédagogique.
La présence d’un policier ou d’un gendarme référent, qui pourrait être armé, dans des établissements qui seraient tous labellisés CLAIR n’est pas la réponse aux problèmes de violence à l’école.
Les élèves et leurs familles sont bel et bien les victimes de la violence sociale, de la crise, de la précarité qui touchent de plein fouet l’ensemble de la société française.
La répression n’a jamais fait ses preuves, bien au contraire !
Dans un contexte délétère, après la divulgation du schéma d’emplois 2011-2013 visant à supprimer 17000 postes supplémentaires dans l’Education nationale, qui peut croire à l’ambition réelle du Ministère de donner au service public d’éducation les moyens de la réussite pour le plus grand nombre ?
Les enseignants et leurs syndicats ne sont pas dupes : il faut plus d’adultes présents à l’école, des conseillers d’orientation psychologues, des médecins et infirmières scolaires, des CIO, des RASED, des enseignants titulaires pour les remplacements…
Comme l’admet aussi la Cour des Comptes, personne ne voit comment articuler la RGPP avec un projet ambitieux d’une école pour tous, donnant accès à un haut niveau de culture. Il faut donc impérativement et immédiatement sortir de cette seule visée comptable de l’école !