Des conditions de rentrée scolaire très dégradées

Ecole 92. Rentrée scolaire 2010

Publié le 3 septembre 2010 à 10:55 Mise à jour le 8 avril 2015

Intervention lors de la conférence de presse du 3 septembre 2010 à Montrouge

Comme tous les acteurs et usagers du milieu éducatif, je partage de grandes inquiétudes sur l’avenir du service public d’éducation. Pour preuve, les conditions très dégradées pour cette rentrée 2010.

L’Education nationale est au cœur de ce qu’on peut appeler un véritable cyclone.
Dans son application de la Révision Générale des Politiques Publiques, le gouvernement orchestre un plan de rigueur budgétaire sans précédent, appliqué au seul service public.
Tout cela est révélateur de l’idéologie qui prédomine au Ministère de l’Education : le démantèlement du service public au profit du privé, au détriment des élèves et de la qualité de leur enseignement.
L’Education Nationale a perdu plus de 110.000 postes depuis dix ans, dont 16.000 pour la rentrée 2010, appuyées sur la réforme de masterisation, la suppression des IUFM et la réduction de la formation des enseignants à la portion congrue.

En tant que parlementaire, j’aurai mon mot à dire lors de la discussion du budget enseignement pour 2011.
Les documents budgétaires ne sont pas encore disponibles mais on sait déjà que le Ministère va continuer les coupes budgétaires drastiques.
Une nouvelle hémorragie d’emplois est en effet annoncée : on parle de la suppression de 17.000 postes supplémentaires pour la rentrée 2011.

Il s’agit d’une véritable provocation à l’encontre des enseignants et des parents d’élèves qui se battent depuis plusieurs mois contre la dégradation de la formation des enseignants et des conditions d’études des élèves.
Tout ce que nous dénonçons depuis des mois est avancé par le gouvernement comme des « leviers d’efficience ». En plus des dizaines de milliers de suppressions de postes, on assiste depuis plusieurs mois à une avalanche de réformes ayant pour dénominateur commun des coupes budgétaires drastiques :

  • l’augmentation des effectifs par classe, au risque de dégrader les conditions d’études des élèves ;
  • les problèmes de remplacement liés à la suppression de 3 000 postes de remplaçants titulaires, et la perte de 2 millions d’heures de cours dans le secondaire en 2009 ;
  • la remise en cause des Rased qui constituent pourtant un outil essentiel dans la lutte contre l’échec et les difficultés scolaires, notamment des élèves les plus fragiles ;
  • la diminution drastique des recrutements de conseillers d’orientation-psychologues, en plus du recentrage sur les seules missions d’orientation ;
  • l’assouplissement de la carte scolaire et la ghettoïsation des établissements sensibles ;
  • le recul de la scolarisation à l’école maternelle des enfants de 2 ans, avec à terme une menace réelle sur l’existence même de la maternelle ;
  • l’autonomisation des établissements, avec la casse du statut des enseignants ;
  • la mise en place de policiers ou gendarmes référents dans certains établissements ;
  • la suspension des allocations familiales pour absentéisme scolaire ;
  • le projet de responsabilité pénale des parents des mineurs délinquants.

Les effets néfastes de ces réformes vont croissants. Tous les acteurs du milieu éducatif tirent la sonnette d’alarme depuis des mois : syndicats d’enseignants, associations de parents d’élèves, syndicats lycéens…

Le Ministère reste sourd aux inquiétudes mais aussi aux propositions alternatives avancées pour développer le service public d’éducation.

L’appel à la grève du SNES-FSU le 6 septembre montre l’état d’inquiétude des enseignants en cette rentrée. Comment en effet ne pas craindre une rentrée lors de laquelle près de 8000 professeurs stagiaires, tout juste lauréats des concours 2010, sont placés à plein temps, sans formation, devant des classes entières !

Depuis plusieurs années, la part du PIB consacrée à la dépense intérieure d’éducation recule dangereusement. Elle est tombée de 7,3% en 2000 à 6,6% en 2008. Cela place la France certes dans la moyenne des pays de l’Union européenne, mais il faut rappeler qu’elle était dans le peloton de tête encore au début des années 2000 !

L’initiative récente du collectif « Une école, un avenir », rassemblant les principales fédérations de l’éducation, a bien sûr retenu toute notre attention. La production de 10 fiches alternatives, contre-propositions au projet gouvernemental, montre qu’une autre politique éducative est possible et que les aspirations sont fortes partout dans le pays.

C’est bien le sens de cette rencontre ce matin : donner le coup d’envoi à une grande campagne départementale d’information et de mobilisation auprès des populations, pour dénoncer les réformes ministérielles et ses effets dévastateurs pour l’avenir de nos enfants.

Face à cette situation de crise d’une ampleur exceptionnelle, il faut exiger des moyens immédiats, notamment budgétaires avec le recrutement immédiat d’enseignants titulaires et titulaires remplaçants.

C’est d’ailleurs ce que je demanderai au Ministre lors d’une Question orale le 14 septembre prochain, pour exiger des mesures budgétaires immédiates et le recrutement de personnels titulaires à effectuer de toute urgence.

Brigitte Gonthier-Maurin

Ancienne sénatrice des Hauts-de-Seine
Contacter par E-mail Suivre sur Twitter

Ses autres interventions :

Sur le même sujet :

Education et recherche