Depuis plusieurs semaines, nous nous inquiétons du décalage existant entre les projets de loi débattus au Parlement et les engagements de la gauche arrivée au pouvoir le 6 mai.
On peut résumer les choses simplement : en lieu et place « du changement, c’est maintenant », nous ne constatons pas pour l’essentiel de véritable rupture avec les logiques libérales. Ce n’est pas tomber dans la surenchère que de le dire, ni faire preuve d’une quelconque attitude politicienne. La simple analyse des textes gouvernementaux proposés nous conduit à ce constat.
La ratification du pacte budgétaire européen, le fameux traité « Merkozy », avec le soutien satisfait de l’UMP, n’augurait rien de bon. De fait, le projet de budget pour 2013, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2013, la loi de programmation budgétaire, et même la loi prévoyant une tarification progressive de l’énergie, portent la marque du libéralisme.
Cette soumission soudaine et radicale aux pressions patronales traverse désormais la quasi-totalité de l’action gouvernementale. Il en est ainsi avec la reprise de la plupart des préconisations du rapport Gallois sur la compétitivité, avec à la clé une hausse injuste de la TVA, combattue il y a quelques mois à peine par le candidat Hollande, et de nouveaux cadeaux fiscaux aux entreprises. Voilà pourquoi nous rejetons ces orientations, comme les diverses dispositions qui perpétuent l’esprit sécuritaire de l’ère Sarkozy et que le nouveau ministre de l’Intérieur met en oeuvre. Ces mesures ne tournent pas seulement le dos aux promesses faites, elles sont synonymes de difficultés accrues pour les Français et enfonceront un peu plus le pays dans la crise.
Ce faisant, on nous accuse de faire le jeu de la droite. Là aussi que les choses soient claires : nous voulons que la gauche réussisse et c’est pour cela que nous tenons ce langage de vérité.
Nos adversaires sont précisément la droite et l’extrême-droite. L’UMP et les centristes ont laissé la France dans un état lamentable : chômage massif, explosion de l’endettement, désindustrialisation galopante, accroissement des inégalités sociales. Ses représentants sont donc particulièrement mal placés pour faire la leçon. Avec André Chassaigne, président du groupe GDR à l’Assemblée nationale et Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et sénateur de Paris, j’ai rencontré le Premier ministre le 8 octobre dernier.
Nous lui avons proposé de reprendre les mesures budgétaires adoptées par la gauche sénatoriale à l’automne 2011, ainsi que celles relatives au financement de la sécurité sociale, adoptées alors. Une fin de non-recevoir nous a été opposée. Ces mesures étaient pourtant marquées par une volonté partagée de rompre avec la dérive libérale et portaient l’empreinte de choix de gauche en rupture avec ceux de la droite. Elles ont été approuvées par toutes les forces de gauche. Pourquoi ce qui était juste hier ne l’est plus aujourd’hui ?
Pourquoi ne pas respecter les engagements de campagne ? Notre attitude n’a rien d’extrémiste. Nous demandons juste qu’une vraie politique de gauche soit menée.