Comme Président du Groupe Communistes et Partenaires de la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole, permettez-moi tout d’abord de vous remercier, toutes et tous, pour avoir répondu à cette invitation à la réflexion et au débat sur cette question essentielle du traitement et de l’élimination des déchets.
En 1992, la loi se fixait une échéance à 10 ans, pour que les communes changent leur comportement essentiellement tourné, alors, vers la mise en décharge sans réelle politique de traitement.
10 ans après, si le paysage semble avoir évolué en ce sens sur l’ensemble du territoire national, le retard n’en est que plus important dans certains départements. C’est en particulier le cas des BDR et singulièrement de la Communauté Urbaine de Marseille Provence Métropole où chaque année environ 600.000 tonnes d’ordures ménagères continuent d’aller vers des décharges, à Entressen pour l’essentiel.
Certes on a amélioré les conditions d’acheminement et de traitement sur ce site.
Quelques déchetteries ont vu le jour. Des communes se sont mises au tri sélectif. Mais il n’est qu’à se promener dans la ville centre pour mesurer l’ampleur du retard.
Deux arrondissements seulement se sont à ce jour essayés au tri sélectif.
Avec des résultats en échec pour le 13e arrondissement et très modestes pour le 8e arrondissement, depuis seulement 4 mois.
Mais a-t-on réellement mis les moyens, notamment humains pour réussir une telle révolution des comportements ? Ces deux arrondissements représentent quelque 150.000 habitants et actuellement il n’y aurait que 20 personnes employées à promouvoir la pratique du tri à la source chez les gens. Les fameux ambassadeurs du tri.
Depuis 2 ans c’est la communauté Urbaine qui a compétence en la matière.
Héritant du dossier, elle a été dans l’obligation de demander en juillet une dérogation au Préfet pour continuer d’utiliser la décharge de La Crau.
Dérogation accordée jusqu’en 2004 sous réserve de prescriptions plus contraignantes et surtout de fournir avant la fin de cette année un projet à venir de traitement et d’élimination de ses ordures ménagères.
Après cent ans de mise en décharge polluante, qu’allons-nous maintenant laisser en héritage aux générations futures ?
1er constat : A quelques semaines de ce choix fondamental, le moins qu’on puisse dire c’est que l’opacité domine sur fond d’enjeux financiers et environnementaux autour d’une unité d’incinération d’au moins 300.000 tonnes sur le territoire du port autonome en Zone Industrielle de Fos sur Mer.
Autrement dit on garderait la même logique que le projet rejeté à Marseille, mais on irait brûler ailleurs, provoquant ainsi auprès des populations voisines les mêmes inquiétudes, les mêmes rejets que ceux des Marseillais en son temps.
2e constat : Alors que la Communauté Urbaine offre 4 fois plus de moyens que les 18 communes séparées, on pourrait penser que cette mutualisation soit mise au service de nouvelles et importantes possibilités pour mieux répondre et d’une manière cohérente aux besoins des populations concernées.
À ce jour ce n’est pas vraiment le cas. Et aucune programmation financière ne laisse à penser que la Communauté Urbaine entend garder elle même la maîtrise économique et technologique du projet d’incinération.
Les deux majors privés en la matière sont d’ores et déjà positionnés sur le terrain de la ZI Portuaire de Fos pour enlever le marché.
Tout se passe comme si l’urgence de la fermeture d’Entressen (et des nombreuses décharges "sauvages") et l’ampleur du problème à traiter nous condamnaient à une sorte d’efficacité du moindre mal à laquelle viendrait en réponse une logique privée d’incinération.
3e constat : Alors qu’en deux ans le paysage intercommunal des Bouches-du-Rhône a radicalement évolué, on a le plus grand mal à percevoir la cohérence des réponses en matière et les volontés de coopérations des EPCI et des collectivités territoriales, en particulier le Conseil Général des BdR ; ce qui contribuerait très certainement à rendre plus pertinente et plus durable la résolution du problème des déchets.
Malgré nos interventions répétées dans cet Hémicycle et en commission pour engager un vrai débat, transparent et citoyen, afin de dégager une vision et une économie globale allant de la collecte au traitement, nous n’avons à ce jour pas obtenu ce débat.
Pourtant il est une condition fondamentale de la réussite d’un projet de traitement des déchets si l’on veut réellement appliquer la loi de 1992.
Comme pouvait le dire François COSSERAT ici présent, dans une réunion organisée à Marseille par le CIDEFE en 1997 sur le même sujet : "c’est sans doute le chantier qui met le plus en question la relation entre le citoyen, la commune, l’industrie du déchet et l’industrie au sens large".
Voilà pourquoi, il nous a semblé utile de prendre cette initiative en coopération avec le CIDEFE, pour faire le point de nos réflexions, des connaissances et des expériences en la matière, pour contribuer à ouvrir la porte du débat public.
Élus, citoyens, responsables associatifs venant de la Communauté Urbaine, mais aussi d’autres communes, d’autres EPCI, il nous appartiendra ensuite de prendre position sur cet enjeu dans chacun de nos territoires.
C’est en tout cas ce que nous entendons faire, pour notre Groupe, dans les prochains jours.
Pour l’heure place à l’échange.
Avec nos trois intervenants que je voudrais en votre nom, à toutes et à tous, remercier pour leur participation.
Brigitte BERLAND - Présidente Départementale du MNLE 13,
François COSSERAT - Chef de projet du réseau de compétence des sciences et des métiers de l’environnement au Conservatoire National des Arts et Métiers,
Vladimir BRONES - Animateur de la commission Environnement du CIDEFE.
C’est Annick BOËT, à qui notre Groupe a demandé de suivre ce dossier, qui va conduire ce débat. Je lui passe la parole.