Soutien au collectif citoyen pour la centrale de vaires sur marne

Publié le 22 mars 2006 à 16:42 Mise à jour le 8 avril 2015

Chers amis,

Je vous remercie de votre invitation à participer à la rencontre organisée par votre collectif le vendredi 23 mars et c’est avec regret que je ne pourrai être présent à une telle initiative.

Je voudrais tout d’abord saluer votre action qui a été utile pour la prise de conscience sur les enjeux énergétiques locaux, départementaux et même nationaux.
Cette démarche est salutaire. En effet, seule une appropriation des enjeux par les citoyens peut permettre d’infléchir le modèle social proposé par le libéralisme où la notion de service public s’efface devant celles de profit et de compétitivité.

Il s’agit là d’un enseignement majeur de la campagne du référendum sur le projet de constitution européenne. Cette appropriation populaire des enjeux européens a permis aux Français de peser sur leur vie et de rompre avec un certain fatalisme.

Plus précisément à propos de ce projet de fermeture de plusieurs centrales thermiques à flamme en Ile de France, celui ci mettait gravement en cause la sûreté d’approvisionnement énergétique de la région capitale, en la privant des ressources suffisantes pour garantir la continuité du service.

Si je me félicite qu’aujourd’hui EDF propose de conserver la vocation de ce site et qu’en conséquence des appels d’offre soient lancés pour relancer son activité, il nous faut pourtant rester prudents et nous assurer que ces engagements seront tenus.

De plus, la question de l’avenir énergétique reste d’une grande actualité tant au niveau régional qu’au niveau national.

D’une part dans l’élaboration du Schéma Directeur de la Région Ile de France, les besoins énergétiques de l’Ile de France doivent être pris en compte. En effet, l’énergie est un domaine fondamental, qui conditionne l’emploi, les transports... et nécessite donc une maîtrise publique.
Bien au contraire, au plan national, le gouvernement français, en applicant avec un zèle tout particulier les orientations européennes, continue sa marché forcée vers la libéralisation du secteur énergétique.

En effet, le sénat a eu a débattre, il y a quelques semaines, d’un projet de loi intitulé « sécurité et transparence nucléaire ». En réalité, ce texte bientôt discuté à l’Assemblée a pour objectif principal de préparer l’ouverture à la concurrence du nucléaire civil par la création d’une autorité administrative indépendante chargée de la sécurité nucléaire.

D’autre part, l’annonce d’une fusion prochaine de Suez et de GDF, au moment même où des rumeurs circulent concernant une fusion entre EDF et Véolia, fait peser de lourde crainte sur l’avenir énergétique de la France.

Les institutions européennes et le gouvernement ont cru bon, sous prétexte de la mise en oeuvre d’une concurrence « libre et non faussée », de démanteler les entreprise publiques, de séparer EDF et GDF afin de stimuler la concurrence soit disant profitable aux usagers. Et aujourd’hui on nous annonce la création de monopoles privés et une augmentation des tarifs pour tous !
Or, comment un groupe industriel privé serait-il en mesure de répondre aux principaux enjeux énergétiques : à la satisfaction de la demande croissante et au respect des engagements pris lors du protocole de Kyoto de réduction d’émission des gaz à effet de serre ?

Comment garantir la sûreté des installations quand le personnel est considéré comme une charge, un coût qu’il faut réduire afin d’augmenter la rentabilité ?
Le projet industriel des entreprises énergétiques ne peut être réduit à la rentabilité immédiate des capitaux qui excluent toute politique d’investissement productif et de recherche.

Parce que l’énergie est un bien public dont l’accès de tous doit être assuré, la définition de la politique énergétique doit être une prérogative de l’Etat, et elle doit être mise en oeuvre par des entreprises publiques dont la mission première est de répondre à l’intérêt général selon les principes de développement durable.
A contre pied de ces considérations, une nouvelle loi sur les entreprises publiques énergétiques devrait être soumise au Parlement avant l’été pour permettre à l’Etat de passer en dessous de la barre des 70 % dans le capital de GDF, ce qui entraînerait de fait une privatisation de GDF. Je serai, avec mes collègues du groupe communiste, républicain et citoyen, très vigilant sur cette question et porterai très clairement mon engagement pour la maintien d’un service public de l’énergie, pour la fusion d’EDF et de GDF et pour l’organisation d’un débat national sur ces questions.

En tout état de cause, je me tiens disponible pour vous rencontrer de nouveau si vous le souhaitez.

Michel Billout

Ancien sénateur de Seine-et-Marne
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