Situation des Chantiers Ouverts de Bubry et Belle-Île dans le Morbihan

Courrier à la Ministre de la Justice

Publié le 13 janvier 2014 à 10:37 Mise à jour le 8 avril 2015

Madame la Ministre,

Au mois d’août dernier, vous avez annoncé la création d’une « peine de probation » hors prison, dans le cadre de la réforme pénale, et défendu une réforme qui vise à poser très clairement le sens de la peine.
Vous avez alors souligné le rôle très important des conseillers d’insertion et de probation qui, par le suivi des personnes condamnées, les aident à se réinsérer et à retrouver, ou trouver pour certains, une place dans la société, et par la même, font baisser les risques de récidive.
Je partage entièrement votre opinion à ce sujet, et je pense qu’il est urgent que l’on apporte les moyens humain et matériel nécessaires à ces professionnels qui, vous le savez, sont en charge de trop nombreux dossiers.
Je suis heureux d’apprendre que vous avez décidé de créer 1000 postes supplémentaires dans les SPIP prévus entre 2014 et 2016.
Comme je vous l’avais écrit dans un courrier daté du 24 novembre 2013, je me suis rendu au début du mois de décembre à la maison d’arrêt de Ploemeur dans le Morbihan, et j’ai pu y constater la réalité de cette surpopulation carcérale, qui malheureusement s’est généralisée dans notre pays, et engendre à la fois des conditions de vie difficiles pour les personnes détenues, et de travail pour les surveillants. Ces conditions de détention créent un climat explosif, de violence, et elles sont un facteur aggravant le risque de récidive.
Le 24 août 2013, vous avez également exprimé la volonté de développer les peines alternatives à la prison, notamment en favorisant le dispositif de placement sous bracelet électronique, la libération conditionnelle, et les placements en chantiers extérieurs. Je me félicite sincèrement de votre engagement à développer la peine de probation en milieu ouvert Madame la Ministre.
Ce qui se fait dans le Morbihan en matière de dispositif en milieu ouvert est exemplaire, de l’avis de nombreux professionnels. Les chantiers de Bubry et Belle-Ile, ainsi que le dispositif Libr’emploi permettent de préparer la réinsertion des détenus. Ils sont tous trois novateurs et reconnus à l’extérieur du département.
Or, il semblerait que leur pérennité soit aujourd’hui menacée par le non renouvellement du financement du Fonds social européen qui représentait jusque-là 60 % du financement de l’ensemble de ces trois dispositifs. Tout porte à croire que, si celui-ci n’est pas supprimé, il sera au moins diminué. Cela aurait des conséquences désastreuses pour les détenus, en proie à des problèmes d’addiction ou en fin de longue peine, et qui préparent activement leur réinsertion. Cette décision irait à l’encontre de vos projets qui préconisent les alternatives à l’incarcération.
C’est pourquoi je tiens à vous faire part de ma très grande préoccupation Madame la Ministre. Comme vous, je crois qu’il est urgent de donner les moyens à la justice de notre pays de se réformer, et de favoriser une approche plus humaine de la détention. Nombreux sont les citoyens et les professionnels de la justice et du service pénitentiaire qui nourrissent de grands espoirs dans votre projet de loi pénale et qui pourtant aujourd’hui s’inquiètent.
Je sais pouvoir compter sur tout votre engagement à défendre votre projet de réforme, et la nécessité de maintenir ce financement du Fonds social européen pour le public de la justice.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie de croire, Madame la Ministre, en l’expression de mes meilleurs sentiments.

Michel Le Scouarnec

Ancien sénateur du Morbihan
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