Monsieur le Secrétaire,
En réponse à votre courrier dans lequel vous me demandiez de ne pas voter la réforme des retraites, je tiens à vous préciser, si vous en doutiez, que j’ai voté résolument contre la plus grande récession sociale de ces dernières décennies.
Dans le débat parlementaire, le Gouvernement a inlassablement menti en affirmant que sa réforme était la seule possible pour combler le déficit du régime de retraite.
Les parlementaires communistes ont, au contraire, fait des propositions alternatives pour sauvegarder notre système par répartition et le droit de la retraite à 60 ans, en voulant faire cotiser les revenus financiers au même taux que les revenus du travail. Ce débat a été systématiquement refusé par la Droite. Il est bien clair que le Gouvernement et l’UMP ne veulent toucher à aucun des privilèges de ceux qui engrangent des dividendes, des stock-options, des retraites-chapeaux, et de ceux qui jouissent du bouclier fiscal.
La réalité, occultée du début à la fin par le Gouvernement est pourtant celle-ci : la réforme repose à 85% sur les salariés et surtout sur les plus modestes d’entre eux, qui ont commencé à travailler tôt et qui vont devoir cotiser durant quarante-quatre ans pour accéder à la retraire. Les femmes, qui ont souvent des carrières hachées seront également particulièrement victime de cette réforme.
Il est scandaleux de repousser l’âge de la retraite quand des millions de salariés sont écartés, bien avant leur soixantième anniversaire du marché du travail par le patronat.
Repousser l’âge de la retraite, c’est aussi retarder l’entrée des jeunes sur le marché du travail. La jeunesse l’a d’ailleurs bien compris et elle est descendue en masse dans les rue de notre pays.
A noter également l’injure faite aux salariés qui connaissent les travaux les plus pénibles. Il n’y aura pas eu de vrai débat sur la pénibilité, le Gouvernement ayant transformé la pénibilité en invalidité individuelle.
Profondément injuste, cette réforme n’en est pas moins inefficace et inutile. En effet, rien n’est réglé après 2018. Le Gouvernement le sait tellement bien qu’il a d’ailleurs envisagé une réforme systémique dès 2013.
Le Gouvernement n’a eu de cesse d’affirmer vouloir sauver notre système de retraites par répartition. En réalité, il a multiplié les mécanismes de retraite par capitalisation, comme l’exigeaient d’ailleurs les banques et les assurances, qui ne rêvent que d’une chose : mettre la main sur les 230 milliards de retraites que gère la sécurité sociale…
Pour notre part, nous pensons que la solidarité collective est la réponse la plus moderne et la plus efficace qui soit aux problèmes de notre temps.
L’action des sénateurs du groupe CRC-SPG n’est pas passée inaperçue. Avec près de 600 amendements et 800 prises de parole, ils ont occupé 40,5 du temps de parole global, devançant leurs collègues socialistes (37,9%) pourtant presque cinq fois plus nombreux.
Ayant voulu faire du Sénat une caisse de résonance du mouvement social, notre groupe a également participé à de très nombreuses manifestations populaires.
Je vous le confirme, demeurant attachés à la retraite à 60 ans et restant au côté du peuple, les sénateurs du groupe CRC-SPG ont voté contre ce projet de loi injuste, inefficace, faisant de la France le pays qui fait le plus grand pas en arrière en matière de droits sociaux.
Veuillez croire, Monsieur le Secrétaire, en ma détermination et mon sincère dévouement.