Privatisation de la radiothérapie à Lagny : Michel Billout demande un moratoire au ministre de la santé

Publié le 10 février 2011 à 16:44 Mise à jour le 8 avril 2015

Ecoutez l’interview de Michel Billout sur ce sujet sur 77 FM en cliquant ici

Paris, le 9 février 2011

Monsieur le Ministre,

J’ai été saisi par le Collectif santé de Lagny – Jossigny – Marne-la-Vallée
d’une information très grave si elle était confirmée.

Selon une information relayée par les syndicats, il serait envisagé le
transfert de la radiothérapie de l’hôpital public de Lagny-sur-Marne, dans
mon département, au secteur privé de la clinique Saint-Faron de Mareuillès-
Meaux. Celle-ci appartient au groupe Salvia Santé dont l’objectif évident
consiste d’abord à penser rentabilité, bénéfices, dividendes pour les
actionnaires. Ainsi, il est à craindre une sélectivité de la « clientèle ».

Il s’agirait là du franchissement d’une nouvelle étape dans le
démantèlement du service public de la santé en Seine-et-Marne, d’autant
que la filière cancérologique est déjà remise en cause dans mon
département avec la demande de fermeture par l’ARS du service de
radiothérapie du Centre médical de Forcilles à Ferolles-Attilly, autre
établissement remarquable.

Tout cela se passe alors que l’hôpital de Lagny va être remplacé par un
nouvel établissement, à Jossigny, dans le cadre de la constitution d’un
groupement de coopération sanitaire (GCS) et d’un partenariat public-privé.

Michel billout en visite sur le centre de radiothérapie de lagny menacé
Michel billout en visite sur le centre de radiothérapie de lagny menacé

En l’occurrence, ce partenariat serait à prédominance privée, à l’encontre du bien commun supposant l’égalité de tous devant le droit à la santé et
l’universalité de tarification d’accès.

L’expérience montre que tout système qui s’inscrit dans cette logique de
favoritisme du secteur lucratif débouche rapidement sur une démarche de
marchandisation de la santé.

Or, le service de radiothérapie de Lagny est exemplaire. Le docteur Blaszka
qui le dirige, est une sommité reconnue dans la profession. De son côté, la
clinique Saint-Faron ne respecterait pas les normes puisque ne disposant
que d’un seul radiophysicien.

Par ailleurs, le GCS envisagé risquerait de réduire les capacités d’accueil
des patients de 25% soit 1000 patients au lieu de 1350 actuellement
cumulés entre l’hôpital de Lagny et la clinique Saint-Faron.
A l’évidence, la compétence, le savoir-faire plaident pour le renforcement
de l’équipe de l’hôpital public de Lagny.

À ce titre, il faut se féliciter que la notion de « seuil » de maintien d’une
activité a toujours été refusée à Lagny. C’est l’honneur de ce service et de
celles et ceux qui le dirigent. Il s’agit d’une saine et juste conception du
service public.

Au contraire, le projet énoncé est aberrant du point de vue de l’intérêt
général, au plan humain, comme de l’efficience sociale et économique de
l’utilisation de l’argent public. Il constituerait, s’il en était décidé ainsi, une
sorte de « vente à la découpe » inacceptable du secteur public, un affaiblissement du futur hôpital de Jossigny en capacité d’accueil, alors que
cet établissement est d’ores et déjà sous-dimensionné.

Ce projet est d’autant plus contestable au niveau méthodologique que l’ARSd’Île-de-France a engagé un processus, qu’elle qualifie de consultation démocratique, afin d’élaborer un projet sanitaire au niveau régional à partir des huit conférences territoriales départementales, qui devrait voir le jour pour la fin de l’année.

À ce titre, le Collectif santé de Lagny – Jossigny – Marne-la-Vallée demande
instamment la tenue d’une conférence sur le bassin de santé concerné, qui
regroupe cinq communautés d’agglomération et près de 220 000 habitants,
soit le 1/5 du département, permettant de disposer d’un diagnostic de
terrain et des préconisations les plus adaptées aux besoins du public.
Quel crédit accorder à l’annonce d’un processus de concertation si des
décisions sont prises par avance ?

Dans ces conditions, je vous prie, Monsieur le Ministre, au risque de voir
hypothéquer la consultation engagée, d’accorder un moratoire sur le
regroupement de la radiothérapie, de geler toute restructuration envisagée
et d’intervenir pour assurer la tenue d’une conférence territoriale du bassin
de santé de Marne-la-Vallée demandée par le Collectif, afin de dresser l’état
réel des besoins.

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’assurance de ma
considération distinguée.

Michel Billout

Ancien sénateur de Seine-et-Marne
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