La venue, le 20 septembre 2006 sur le site de la Bataille de Valmy (Marne) de Jean-Marie et de Marine Le Pen pour y tenir une conférence de presse a été vivement contestée par de nombreuses associations et partis de gauche* qui se sont rassemblés sur le site de la Bataille de Valmy pour y exprimer leur attachement profond aux valeurs fondatrices de l’engagement des soldats de Kellermann, dont naîtront dès le 21 Septembre 1792 l’abolition de la royauté et l’instauration de la République. Présent à ce rassemblement, Michel Billout est intervenu au nom du Parti Communiste français.
(Lire le compte rendu dans la presse en bas de page : article à télécharger )
"Mesdames messieurs,
Je suis très heureux d’être ici, à vos côtés, dans ce lieu hautement historique qui fut à la base de l’abolition de la royauté et de la création de notre république. Une République pour qui, faut-il le rappeler "le but de la société est le bonheur commun". Une République pour qui tout "étranger qui sera jugé avoir bien mérité de l’humanité est admis à l’exercice des Droits de citoyen français".
Comment oublier, en ce jour de tentative de récupération historique par le front national, que cette liberté fut gagnée le 20 septembre 1792 par le peuple en arme venu à Valmy défendre les acquis de la révolution française contre une armée de mercenaires français et étrangers, d’aristocrates et de privilégiés, d’ennemis des droits de l’homme et du citoyen qui n’avaient pour seul objectif que de rétablir le pouvoir monarchique absolu, les privilèges de la noblesse et supprimer les mesures prises depuis 1789 en faveur du peuple.
Oui, ce matin, de nouveaux opposants à la république et à ses valeurs ont fait une tentative de retour à Valmy. En venant ici, le mouvement politique extrémiste de monsieur Le Pen n’était pas guidé par les idéaux progressistes portés et défendus il y a plus de deux siècles par notre peuple, mais il était animé d’un opportunisme électoraliste qui bafoue les valeurs républicaines. Ce mouvement qui voudrait apparaître désormais comme fréquentable porte en réalité de vieux idéaux qui en font des adversaires de la Révolution et de la République. Ils sont de ceux qui n’aiment pas la France, sinon soumise à leur pouvoir, sinon régimentée par la violence, la répression et le rejet de l’autre. Et puis, disons le franchement, monsieur Le Pen est un républicain de fraîche date. Il est l’héritier de cette partie de l’extrême droite qui appelait la République « la gueuse » entre les deux guerres.
La victoire de Valmy, c’est l’avènement d’une France populaire, ouverte, libre et rebelle qui instaura le “droit du sol” pour tous les citoyens, valeur que le Front National combat avec ses thèses racistes et xénophobes.
C’est pourquoi, nous devons agir pour faire échec à cette politique d’intolérance et de rejet de l’autre. L’esprit de la république de Valmy reste à défendre sur bien des aspects : nous ne sommes, en effet, toujours pas maîtres de nos destins. Nous subissons la loi des actionnaires dans nos entreprises. Nous subissons des choix politiques que nous n’avons pas voulus, à Bruxelles comme à Paris. Les institutions qui fondent la République française, la sécurité sociale, l’éducation nationale, les grands services publics sont aujourd’hui menacées par l’ultralibéralisme, modèle de pensée qui ne connaît ni la République, ni les valeurs démocratiques, mais seulement la loi du profit. Si les valeurs républicaines sont remises en cause, cela n’est pas dû à l’air du temps, mais bien à un ordre économique qui fait primer l’argent sur l’homme, la loi d’un marché " sans conscience ni miséricorde " pour reprendre la belle expression du Prix Nobel Octavio PAZ.
Une telle situation doit cesser. Elle cessera, bientôt, si nous nous rassemblons largement pour imposer une autre politique et faire primer les intérêts de notre peuple sur ceux des actionnaires et des puissants. Comme l’ont fait en leur temps les héros de Valmy.
La République continue aujourd’hui encore d’être universelle et porteuse d’émancipation, elle reste un projet à bâtir, elle est une revendication permanente de justice sociale et d’égalité.
Je reste pour ma part persuadé que les Françaises et les Français restent profondément attachés aux valeurs républicaines, celles qui marquent la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, l’un des textes fondateurs de la démocratie dans le monde, préambule de la constitution de 1958. Aujourd’hui, la plupart de ces droits sont bafoués dans les pays qui se disent démocratiques. C’est pourquoi ce texte est toujours "révolutionnaire".
Oui, les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.
Oui, Une nouvelle mobilisation des citoyens est nécessaire pour réaffirmer ces droits et les faire respecter par tous, y compris par les entreprises.
Oui, nos concitoyens restent attachés à la liberté d’expression, au droit à la santé, à la laïcité, au service public et à la fraternité. Et la crise des valeurs républicaines les inquiète profondément.
Il est donc essentiel de s’opposer, ensemble, à chaque recul de société, à chaque remise en cause de l’esprit de solidarité et de fraternité entre les peuples, à chaque abandon de solidarité.
Les politiques comme les citoyens ont, dans ce combat, leur place à tenir. La constitution de 1789, dans son article 2 nous donne la voix à suivre : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression. »
Sur ces valeurs, avec l’ensemble des communistes que j’ai l’honneur de représenter aujourd’hui, nous appelons les démocrates, les Républicains à se retrouver pour faire échec à toute politique d’intolérance et du rejet de l’autre.
Je vous remercie de votre attention"
*Les signataires de l’appel au rasemblement de Valmy : • Association Lance-Pierre production
• CGT Marne
• Jeunes Communistes Marne
• La FSU
• Le Club de la République Sociale de la Marne
• LICRA
• MJS
• PCF Marne
• PS
• Ras l’Front Reims
• Solidaires-Marne
• SOS Racisme
• UNEF
