Lundi 15 janvier 2007, Michel Billout est intervenu au congrès départemental de la FSU 77 qui se tenait à Nangis, salle Dulcie September.
Monsieur le secrétaire départemental,
cher(e)s ami(e)s,
Je tenais à vous souhaiter la bienvenue à Nangis. Notre ville possède une longue tradition d’accueil des initiatives du mouvement social et syndical.
Je suis donc très heureux d’accueillir le congrès départemental de la FSU dans cette salle dédiée à Dulcie September, une militante qui aura consacré toute sa vie à lutter contre l’Apartheid, avant d’être assassinée par les services secrets sud africains. Il me semble que son action est aujourd’hui très proche de celles et ceux qui se sont investis dans l’action de RESF, que je soutiens totalement.
La ville de Nangis est très attachée à la qualité du service public de l’éducation. Nous nous efforçons d’y contribuer au mieux de nos moyens humains et financiers. En son temps, le SNUIPP nous avait classé dans les 7% des communes à consacrer le plus de moyens pour l’école primaire.
Je crois donc pouvoir dire que nous rejoignons certainement vos préoccupations.
Malheureusement, l’école, située au cœur des services publics mais aussi au cœur de notre société, n’échappe pas à la casse des acquis sociaux mise en œuvre par un gouvernement ouvertement ultralibéral !
C’est particulièrement visible dans le département comme la Seine et Marne où la situation de l’éducation reste marquée par de nombreuses inégalités.
On observe ainsi des disparités en fonction des inégalités territoriales, qui se répercutent sur l’offre éducative, plus onéreuse en milieu rural qu’en ville en raison de coûts supplémentaires, liés notamment aux transports.
L’école maternelle, qui pourtant joue un rôle crucial dans la résorption des inégalités scolaires, reste fortement menacée. Elle est toujours tributaire de la richesse et de l’orientation politique communale et est en très net recul de scolarisation des enfants de moins de 3 ans.
Pour les collèges et les lycées, ces points sont également vérifiés et se cumulent à une offre de formation très inégalement répartie dans le département particulièrement pour ce qui concerne les filières techniques et professionnelles.
Et je ne parlerai de la faiblesse existante de l’enseignement supérieur dans notre département qui a pour conséquence directe que les jeunes Seine-et-Marnais sont les moins nombreux à poursuivre leurs études après le Bac, par rapport à toute l’Ile-de- France.
De même, les équipements éducatifs et culturels sont inégalement répartis dans notre département, ils sont parfois inexistants dans certaines zones rurales.
Or, disons le franchement, l’Etat dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres abandonne progressivement ses compétences sur le dos des collectivités territoriales, préparant en cela des modifications considérables touchant à l’unicité de notre système éducatif public et organisant de plus en plus sa mise en concurrence avec les organismes privés.
Dans ce domaine, la loi de finances pour l’enseignement scolaire de 2007 renforce ces orientations.
Depuis son arrivée au ministère de l’éducation nationale, et à l’instar de ses prédécesseurs, Monsieur Gilles de Robien a en effet multiplié les déclarations sur sa volonté de relancer l’ascenseur social, d’assurer l’égalité des chances, de réduire la fracture scolaire...
Et pour passer des paroles aux actes, la solution qu’il propose, c’est la mise en oeuvre de la loi Fillon, l’encadrement des pratiques pédagogiques, voir l’interdiction de certaines et la suppression de plus de 5000 postes d’enseignants équivalent temps plein, dans les collèges et les lycées, à la rentrée scolaire de septembre 2007 !
Comment ne pas être choqué par la contradiction entre sa volonté affichée et les mesures annoncées ?
Sous ces déclarations d’intention, la politique menée par ce gouvernement n’a qu’une seule finalité : réduire l’école à n’être plus qu’un lieu soumis à des impératifs économiques, chargé uniquement, et dans des conditions de plus en plus difficiles, de préparer nos jeunes au marché du travail !
Toutes les méthodes sont d’ailleurs utilisées pour réduire le budget : en renonçant au concept d’éducation prioritaire, en finançant, d’une part, les dédoublements en langues par la suppression des travaux personnels encadrés, les TPE, en terminale et, d’autre part, le plan « ambition réussite » par la suppression d’une demi-heure de cours au collège ; en pesant sur les rémunérations des enseignants.
Je sais que vous aurez tout le loisir d’exprimer votre opposition à cette politique le 20 janvier prochain lors de la manifestation nationale que vous organisez à paris.
Les élus communistes vous soutiendront dans votre mobilisation. L’école est en effet bien plus qu’un service public, elle est l’âme et la cohésion du territoire !
Alors oui, sans retenue, je partage vos propositions pour une école plus juste, plus égalitaire, et plus efficace.
Avec mon groupe, nous participons à la nécessaire réflexion pour réorienter l’école, nous avons déposé le 30 mars 2005 une proposition de loi pour une école de l’égalité, de la justice et de la réussite scolaire de tous les jeunes. Elle est consultable sur le site du Sénat.
Mais je voudrais revenir sur mon rôle de Maire. Vous le savez, je suis soumis, comme l’ensemble de mes collègues, à l’article 89 de la loi du 13 août 2004 dite « loi de responsabilités locales », dont la circulaire rend obligatoire la participation financière aux écoles privés des communes dans lesquelles résident des élèves fréquentant une école privée située dans une autre commune.
Ceci s’applique quand bien même il existerait déjà une école publique et/ou privée dans la commune de résidence !
Mais au-delà de cette iniquité de traitement entre l’école publique et privée, au delà du fait que cette mesure soit contraire au fondement de l’école publique laïque, c’est bien la pérennité des écoles publiques de proximité qui est en question !
En augmentant de manière significative les dépenses des budgets communaux, ce sont des moyens dont le Maire ne dispose plus pour son école publique. La conséquence immédiate c’est bien évidemment la dégradation des conditions de scolarisation dans les écoles publiques mais cela peut aller à leur fermeture !
Ainsi, on risque d’assister à la fermeture de classes dans le secteur public et aux ouvertures correspondantes dans le privé. !
Mais vous toutes et tous ici connaissez parfaitement cette circulaire, puisque des centaines de Maires, toutes tendances politiques confondues, refusent aujourd’hui d’exécuter la circulaire d’application et ont pétitionné pour son retrait.
En tant que parlementaire, j’ai pris mes responsabilités dès avril 2006, en co-signant, avec mon groupe, une proposition de loi tendant à l’abrogation de cet article.
Cette proposition de loi a été à l’ordre du jour de la commission des affaires culturelles où elle est actuellement examinée. Le vote interviendra à la fin de ce processus législatif, ou sans doute à la reprise de la nouvelle session, en juillet prochain.
Bien que je me réjouisse de cette nouvelle, j’ai conscience que notre tâche est loin d’être terminée et qu’ensemble, élu(e)s locaux, enseignants, citoyennes et citoyens, nous devons continuer à lutter pour défendre nos écoles publiques pour préserver les fondements même du service public, élément fort de notre pacte social !
Aussi je nous souhaite un très bon congrès et des travaux constructifs.
Merci !