Hôpital de Melun : Michel Billout interroge Claude Evin, président de l’Agence régionale de santé

Publié le 22 juillet 2010 à 11:08 Mise à jour le 8 avril 2015

Paris, le 22 juillet 2010

Monsieur le directeur,

Le 29 juin dernier, j’ai interrogé madame la ministre de la santé sur l’avenir de l’hôpital de Melun. N’ayant obtenu aucune réponse précise sur l’ensemble des points abordés, je souhaiterai avoir votre position sur l’ensemble de ce dossier.

L’hôpital de Melun connait de nombreux dysfonctionnements. Depuis plusieurs mois, il n’existe plus de permanence d’équipe médicale au bloc opératoire de l’hôpital de Melun entre 18 heures 30 et 8 heures du matin, en semaine, et en totalité le week-end. Le dernier acte chirurgical doit donc être programmé, en semaine, à 17 heures, dans la mesure où la salle de réveil est fermée à partir de 18 heures 30.

La direction de l’hôpital a justifié sa décision en indiquant qu’une cinquantaine de patients seulement étaient opérés chaque année sur la plage horaire comprise entre minuit et 5 heures du matin. Quel est le rapport avec les horaires de fermeture ? Curieuse conception de l’arithmétique, vous en conviendrez ! Les praticiens se sont livrés à un décompte extrêmement précis des situations : au cours des six derniers mois, 116 patients ont dû être transférés du service d’urgence de Melun vers d’autres établissements, en grande majorité privés, entre 18 heures et 8 heures du matin, du fait de la fermeture du bloc opératoire. Sur ce total, on relève 35 urgences vitales, heureusement sans incident particulier, mais jusqu’à quand la chance jouera-t-elle ? En revanche, certains cas trop lourds ont dû être pris en charge au bloc opératoire de la maternité. Selon les personnels que j’ai rencontrés, cette mesure, outre les risques qu’elle impose aux patients et aux équipes médicales, fragilise bien évidemment le dispositif de la maternité.

Une création inter hospitalière et un groupement de coopération sanitaire avec le centre hospitalier de Montereau ont été décidés en 2009, mais sans réels moyens ni en termes de capacités d’accueil ni en personnels : la permanence en chirurgie viscérale, par exemple, n’est pas assurée toutes les nuits à Montereau. Cette collaboration est donc devenue rapidement caduque dans la réalité. La fermeture du bloc chirurgical met donc en péril la vie des patients et affaiblit grandement l’hôpital.

Pour étayer mes propos, je souhaite vous relater un incident récent qui aurait pu avoir de graves conséquences. J’ai eu connaissance de la nécessité d’ouvrir en urgence le bloc opératoire dans la nuit du 1er au 2 juillet dernier. D’après mes informations, cette ouverture s’est faite avec l’aval de l’administrateur de garde, tout transfert du patient concerné s’étant révélé impossible. De plus, aucun des autres établissements contactés ne pouvait accueillir ce patient. D’autre part, le bloc de la maternité ne satisfaisait pas cette fois aux critères nécessaires pour sa prise en charge. L’ouverture du bloc central en dehors des horaires définis par décision du Conseil d’administration en juin 2009 a permis au patient de rester en vie. Que se serait-il passé si les acteurs présents, toutes fonctions confondues, n’avaient pas décidé de cette réouverture ?

Ce nouvel incident qui fait suite à d’autres (transferts tardifs avec risques de séquelles, nécessité de faire des choix entre deux patients...) démontre une fois de plus la nécessité de remettre en question la décision de fermeture du bloc opératoire de cet établissement la nuit et le week-end. Nous n’en sommes plus au stade de risque potentiel mais bien de risque avéré… La nécessité de rouvrir le bloc le 1er juillet dernier semble indiquer que les mesures prises pour justifier la fermeture du bloc opératoire restent insuffisantes pour assurer une sécurité sanitaire digne de ce nom sur ce territoire de près de 300 000 habitants.

Une telle situation provoque évidemment une évasion du personnel médical : en 2008, on comptait six chirurgiens viscéraux pour seulement deux et demi aujourd’hui. Les personnels auraient pu espérer que cette hémorragie cesserait avec la création d’un nouvel hôpital à Melun, si le projet initial n’avait prévu de confier à un partenaire privé l’ensemble des opérations chirurgicales planifiées et de ne conserver dans le secteur public principalement que les urgences.

Au vu des dysfonctionnements constatés et des difficultés budgétaires de l’hôpital public provoquées par de trop nombreux transferts vers le secteur privé, je souhaite connaître les décisions que l’ARS compte prendre afin d’enrayer cette privatisation du système de santé dans le secteur du sud de la Seine-et-Marne. J’ai suggéré à madame la ministre que le projet du futur hôpital soit à 100 % public, afin de permettre à cet établissement d’avoir les moyens de son fonctionnement et de son développement futur au profit d’un bassin de recrutement de 300 000 habitants, en constante augmentation. Je n’ai pas eu de réponse. Je serai très heureux d’avoir votre point de vue à ce sujet. Je souhaiterai également obtenir quelques certitudes sur la réalisation de ce futur hôpital à Melun, dans la mesure où votre agence semble réfléchir à un projet de territoire qui pourrait intégrer les patients du secteur de Melun au futur hôpital d’Évry-Corbeil.

Vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien porter à ma demande, et restant à votre disposition pour débattre avec vous de ce dossier qui me tient particulièrement à cœur, je vous prie de croire, Monsieur le directeur, en l’expression de mes sentiments distingués.

Michel Billout

Ancien sénateur de Seine-et-Marne
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