Monsieur le Maire,
Avec ma collègue députée maire de Bagneux, Marie Hélène Amiable, nous avons récemment attiré votre attention sur le projet de délocalisation du Service d’Etudes sur les Transports, les Routes et leurs Aménagements (Sétra) sur votre commune, alors qu’il devait initialement intégrer le pôle scientifique et technique sur les transports « de rang mondial »de Marne-la-Vallée , à l’initiative de Dominique Perben, alors Ministre des transports.
Avant toute chose, je voudrais vous dire comme je comprends et regrette la catastrophe humaine et économique que représente la perte aussi rapide que brutale de ce régiment et des 900 familles concernées. Je mesure que les 150 000 euros de perte de taxe foncière, le départ de 40 enfants des écoles alors que 3 nouvelles classes ont été construites il y a deux ans, contribuent à rendre quasiment impossible le bouclage de votre budget communal comme vos possibilités de projections dans l’avenir.
Comprenez ma démarche : celle-ci n’est pas ici de jouer Champs-sur-Marne contre Sourdun pour l’implantation du SETRA, cela n’aurait aucun sens, mais de vous alerter sur les risques de mise en danger de ce service si cette délocalisation devait se faire, entraînant de nouvelle pertes financières pour votre commune d’ici quelques années.
Lorsque la décision de délocaliser le SETRA à Marne la Vallée avait été prise par le précédent gouvernement, la nouvelle avait déjà fait naître beaucoup d’inquiétudes chez les agents et salariés.
Aujourd’hui, qu’en est-il ? Quel impact réel de l’arrivée du SETRA pouvez-vous espérer sur votre commune ?
Les syndicats du SETRA ont réalisé un questionnaire anonyme auprès des agents du SETRA, afin de connaître la différence de "volontaires" entre Sourdun et Marne-la-Vallée.
Ils ont obtenus 239 réponses soit plus de 85% des agents en poste.
Il en est ressorti, d’une part, qu’il y aurait 13% de départ en retraite d’ici 2011, que 55,2% des agents accepteraient de suivre leur service à Marne la Vallée, mais que seulement 2,9% des agents le suivraient à Sourdun, même avec des primes démesurées (au-delà du plafond prévu). Avec le plafond de 20 000€ (qui est le maximum que prévoient les circulaires ministérielles), il ne resterait que 1,7% de personnel volontaire.
Si la décision de délocalisation était maintenue à Sourdun, 50,2% des agents envisageraient de quitter leur service d’ici fin 2009, et 93,7 % d’ici fin 2010.
Autres informations importantes : le SETRA est actuellement composé de 3 catégories d’agents :
􀁺 les agents près de la retraite, embauchés il y a plus de 30 ans à Bagneux, qui ont construit leur vie proche de Paris et s’y sont installés. S’ils n’ont pas d’autres solutions, ils loueront un studio, arriveront seuls le lundi matin, repartiront le vendredi soir.
􀁺 les agents qui ont des enfants dont le conjoint travaille seront dans l’impossibilité de suivre. Au mieux, ils viendront seuls à Sourdun.
􀁺 les jeunes agents, (18-30 ans), tout juste sortis de l’école, viennent de toutes les régions de France. Ils sont célibataires, envisagent de faire l’aller/retour Paris-Sourdun tous les jours en attendant leur mutation.
Monsieur le Maire, au vu des ces information, je crains que l’’arrivée du SETRA n’apporte que peu de retombées économiques à Sourdun.
En aucun cas, cela ne compensera le départ des militaires et de leurs familles. Pire, c’est la pérennité de ce service qui est en jeu.
Les salariés sont unanimes : « cette décision politique arbitraire signerait la mise à mort du SETRA dans un avenir proche. Une telle délocalisation l’isolera du reste du Ministère et de ses partenaires publics et privés. Les difficultés de recrutement commencent déjà à se faire sentir. Les départs à la retraite ne pourront pas être remplacés. Le Sétra, faute de moyens, ne pourra plus exercer ses missions et sera contraint de fermer dans un contexte où l’on demande toujours plus de performances au Service Public. »
Le 20 janvier dernier, lors de la visite du Président de la République, une délégation du SETRA a pu être reçue par le conseiller technique de l’Elysée chargé de la réforme de l’Etat. La délégation a rappelé que le SETRA ne pourrait pas fonctionner à Sourdun, que le service allait perdre près de 90% de ses effectifs et que l’apport en terme d’attractivité et de retombées économiques pour la commune serait quasiment nul. Non seulement cette délocalisation ne compensera pas les impacts négatifs de la réforme de la carte militaire, mais en plus elle va considérablement affaiblir un service de l’Etat dont l’expertise et la valeur ajoutée sont pourtant unanimement reconnues par ses partenaires.
Pour toutes ces raisons, il me semble nécessaire et urgent de nous rencontrer et de discuter de ce projet. C’est pourquoi, je vous réitère notre invitation à une table ronde avec les organisations syndicales du SETRA, des parlementaires de Seine-et-Marne des deux secteurs concernés (Madame Chantale Brunel pour Marne la Vallée et M. Christian Jacob pour Provins ont bien entendus été invités) mais aussi des Hauts-de-Seine, des élu-e-s et représentants de Marne-la-Vallée, du Conseil régional et du Conseil général, de toutes sensibilités politiques.
Je vous rappelle que cette réunion importante se tiendra le jeudi 12 mars à 14 h au Sénat dans la salle Vaugirard.
En espérant votre participation, je vous prie d’agréer, monsieur le maire, l’expression de ma haute considération.