Mesdames, Messieurs, chers collègues
Plusieurs d’entre vous m’ont informé que, lors de différentes réunions, j’avais été mis en cause par M. Jacob, député, concernant le projet d’installation du Sétra à Sourdun. Je tiens à les en remercier. M. Jacob s’étant bien gardé de me faire part de ses griefs. Je souhaite donc vous apporter quelques explications en ce qui concerne ce que j’appelle un « marché de dupes ».
Tout d’abord, je regrette profondément l’attitude de M. Jacob qui refuse de participer à une table ronde sur le sujet au sénat, à l’invitation de plusieurs élus et de l’ensemble des organisations syndicales mais préfère monologuer sans risque de contradiction. Si je comprends la situation très délicate dans laquelle il se trouve : voter à l’Assemblée le budget de la défense et des forces armées et tenter dans sa circonscription d’en atténuer les effets néfastes est en effet un exercice périlleux. Mais mettre en concurrence des territoires seine-et-marnais et risquer de faire disparaître un aussi important service public qu’est le SETRA ne témoigne pas d’un comportement très responsable. La question écrite au gouvernement de M. Lefèvre, député des Hauts-de-Seine et porte-parole de l’UMP, ne démontre pas autre chose.(à télécharger en bas de cette page)
La délocalisation du SETRA à SOURDUN est en réalité un gâchis humain, économique et écologique qui ne règlera en rien le départ précipité des militaires de Sourdun.
En octobre dernier, les agents du service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements (SETRA) ont appris leur délocalisation vers Sourdun, en lieu et place de Marne La Vallée où le SETRA, service de l’Etat, devait rejoindre un pôle scientifique et technique de visibilité mondiale et pour lequel les investissements et aménagements avaient déjà été engagés.
Face à ce changement brutal et arbitraire, annoncé sans concertation des salariés comme des collectivités locales concernés, les agents du SETRA ont réagi, organisés des sondages internes, des études financières sur l’impact de la mesure et démontré l’incohérence du projet.
Le jeudi 12 mars, à mon invitation et celle de Marie-Hélène Amiable, députée-maire de Bagneux, ils ont participés à une table ronde sur l’avenir de ce service publique. Participaient également à cette réunion les représentants de région Ile-de-France et du Conseil général de Seine-et-Marne. Les échanges ont permis de mettre en lumière toutes les incohérences de cette décision arbitraire :
- Un gâchis humain : selon un sondage interne auquel 85 % des salariés ont répondu, moins de 5 % d’entre eux iraient sur le site de Sourdun. Le Collectif estime la perte de compétence imminente puisque près de 50 % des salariés s’apprêtent à demander leur mutation avant l’été. Cela signifierait la disparition de nombreuses missions du SETRA dont certaines, régaliennes, ne peuvent être transférées à des cabinets privés.
- Un gâchis économique : le pôle de Marne-la-Vallée va sortir de terre avec trois bâtiments financés par le contribuable. Une partie restera vide. Des aménagements en fibre optique et services ont été réalisés par les collectivités locales pour accueillir ce pôle scientifique d’excellence. Ces mêmes aménagements doivent désormais être effectués en double sur Sourdun. S’ajoute le coût prohibitif du transport (navettes privatives pour les salariés et les activités du SETRA : 600 000 à 800 000 euros par an) et des routes inadaptées qui font l’objet d’un autre plan de financement. Autre incohérence : le SETRA va prendre des locaux indispensables au projet d’Internat d’excellence prévu sur ce site dès la rentrée 2009, qui va devoir construire de nouveaux bâtiments. N’aurions nous pas pu faire simple et économique en laissant le SETRA à Marne-la-Vallée dans les locaux qui lui étaient destinés ?
- Un gâchis écologique : les salariés du SETRA effectuent 12 000 déplacements professionnels par an, participent à 1 200 réunions, accueillent 4 000 visiteurs par an, venant de province, voire de l’Etranger.
Les réunions avec les entreprises ou les collectivités locales continueront, vu l’éloignement du site de Sourdun à s’effecteur sur Paris, Marne-la-Vallée, ou La Défense pour lesquelles des locations de salles et de véhicules seront nécessaires. Pour s’y rendre, les salariés devront faire l’aller retour Sourdun / Paris, soient près de 200 kilomètres par réunion. Un comble pour un service dépendant du ministère de l’écologie, du développement durable qui avait réussi à optimiser son bilan carbone en 2008 !
Les salariés sont unanimes : « cette décision politique arbitraire signerait la mise à mort du SETRA dans un avenir proche. Une telle délocalisation l’isolera du reste du Ministère et de ses partenaires publics et privés. Les difficultés de recrutement commencent déjà à se faire sentir. Les départs à la retraite ne pourront pas être remplacés. Le SETRA, faute de moyens, ne pourra plus exercer ses missions et sera contraint de fermer dans un contexte où l’on demande toujours plus de performances au Service Public. »
Si la décision de délocalisation était maintenue à Sourdun, 50,2% des agents envisageraient de quitter leur service d’ici fin 2009, et 93,7 % d’ici fin 2010.
Face à cette réalité, j’ai pris l’initiative en effet de défendre ce service public et son implantation sur Champs-sur-Marne, un projet cohérent et important pour notre département, décidé par le précédent gouvernement dont M. Jacob était l’un des ministres.
C’est l’Etat qui a décidé de faire partir le régiment de Sourdun, sans prendre la mesure de la nécessaire reconversion de ce site. C’est la raison pour laquelle j’ai défendu la demande de moratoire de cette délocalisation, l’instauration d’un débat public sur l’avenir du SETRA et la définition de nouveaux projets de développement économique viables du site de Sourdun.
Face à la situation faite à la commune de Sourdun (150 000 euros de perte de taxe foncière, le départ de 40 enfants des écoles alors que 3 nouvelles classes ont été construites il y a deux ans), à l’ensemble du Bassin Provinois (Près de 30 millions d’euros de perte de chiffre d’affaires estimés pour les commerçants ), il me semble important de sortir des querelles politiciennes et de développer un véritable projet de territoire : qui peut croire qu’un service public vidé de ses salariés et un Internat combleront le manque à gagner en recettes fiscales et financières pour la commune comme pour le commerce local ?
Le combat sur l’attractivité économique du Provinois nécessite une participation de tous, sans exclusive, et sans caricature. Il faudra mettre autour de la table l’Etat et l’ensemble des collectivités (région, département, élus locaux) pour trouver ensemble un projet de redynamisation économique fiable sur le long terme.
Pour ma part, vous pouvez compter sur mon plus total engagement en faveur du développement économique de notre département, mais sans mise en concurrence de ses territoires et de ses habitants.
Vous pouvez compter également sur moi pour combattre l’action que mène actuellement le gouvernement contre les recettes des collectivités territoriales et l’existence même des communes et des départements.
Michel BILLOUT