Madame la Ministre,
L’efficacité de l’organisation des transports publics en Région Ile de France doit se juger sur sa capacité à organiser non seulement la mobilité mais aussi l’aménagement du territoire, le développement du tissu économique et de l’emploi, la promotion des potentialités scientifiques et techniques et la préservation environnementale.
Pourtant, la situation en Essonne, fondée sur une dégradation constante des lignes RER B, C et D, rend inéligible notre département et les usagers des transports publics au bénéfice d’une harmonisation territoriale. Temps de transport insupportable, coût élevé, offre publique inadéquate et saturée, la question des déplacements quotidiens, pour les essonniens, est devenue une préoccupation majeure qui appelle des décisions concrètes, ambitieuses et immédiates.
Cela en passe par le renforcement du Plan de Mobilisation de la région Ile de France permettant d’investir massivement dans l’amélioration des réseaux existants, de les compléter, comme avec le projet Arc Express, et contribuer à la structuration d’un maillage nouveau au travers de liaisons de Transport en Commun en Site Propre ( TCSP) et de tangentielles.
Le Conseil d’administration du STIF a adopté son budget pour 2011. Doté de 5 milliards d’euros, il va permettre de réaliser d’importants projets comme le renouvellement d’infrastructures et de matériels roulants, la fusion des zones 5 et 6 et la gratuité du transport pour les jeunes en insertion. Nous nous félicitons particulièrement de l’adoption de ces deux dernières mesures, de justice sociale et territoriale, que les élus régionaux communistes portent depuis des années.
Néanmoins, le gouvernement n’apporte toujours aucun engagement financier conséquent et refuse de débloquer les financements nécessaires à la réalisation de projets élaborés démocratiquement entre la Région et les départements.
Pourtant ces financements existent. L’harmonisation par le haut du Versement Transport des entreprises rapporterait 800 millions d’euros par an. L’affectation du Fonds d’Aménagement de la Région Ile de France (FARIF) rapporterait, elle, 170 millions d’euros par an.
Si l’Etat se désengage financièrement, il apparaît de façon autoritaire en arborant son projet de métro automatique en rocade. Ce « Grand Huit » de la Société Grand Paris repose sur la liaison de quelques grands pôles de développement à vocation mondiale, ou autres clusters, qu’il suffirait de relier pour enclencher une dynamique de croissance. Cela correspond à une large part d’artifice et de pari hautement risqué.
Il résultera de cette opération des investissements très lourds, alors que pour l’essentiel, le financement envisagé par le gouvernement est basé sur la spéculation financière accentuant la ségrégation sociale et spatiale et contribuant à l’explosion du prix du foncier.
Il en est ainsi pour la desserte envisagée pour le plateau de Saclay dont l’intensité de l’urbanisation est tout à fait contestable. Aujourd’hui, le plateau de Saclay est fortement délaissé par les transports en commun. Nous proposons la création d’une ligne de transport en commun en site propre (TCSP) depuis la gare de Massy.
Elle permettrait une desserte fine, mieux adaptée à l’évaluation de la fréquentation. De type tramway ou tram bus, elle s’inspirerait du projet de liaison Sénart-Corbeil-Evry. Ou encore la mise à l’étude du prolongement d’Arc-Express jusqu’au Plateau de Saclay.
La réduction des inégalités territoriales, subies notamment dans les quartiers populaires aujourd’hui enclavés, doit être un objectif prioritaire. Les nouvelles infrastructures de transport public doivent être utiles aux habitants de ces quartiers et accompagner un développement diversifié des territoires, qui combine habitat, emploi et service public.
Afin de vous exposez les arguments qui fondent notre réflexion, nous souhaitons que vous nous accordiez une réunion de travail concernant l’amélioration des transports en commun publics et le développement du maillage ferroviaire de notre département en cohérence avec les projets régionaux.
Dans l’attente d’une réponse favorable, nous vous prions de croire, Madame le Ministre, en notre haute considération.