Intervention de MICHEL BILLOUT à l’OSCE dans le débat sur LA SITUATION DANS LA REGION MEDITERRANEENNE

Publié le 16 février 2011 à 16:52 Mise à jour le 8 avril 2015

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Il importe de saluer ici le courage des peuples tunisien et égyptien qui ont osé se soulever contre les régimes dictatoriaux dont ils étaient les otages et n’ont jamais cédé, malgré la répression dont ils étaient victimes. Il faut aussi se réjouir du départ des Présidents Ben Ali et Moubarak, deux autocrates corrompus qui ont dirigé leurs pays au mépris de la population. J’ai aujourd’hui une pensée de solidarité particulière pour le peuple libien aux prises à une répression sanglante et criminelle.

Le vent qui souffle sur la Méditerranée est un vent d’espoir. Espoir dans une jeunesse qui incarne actuellement la soif de liberté et de justice. Espoir encore que les soulèvements populaires tournent la page des heures sombres que ces pays ont traversées et marquent l’avènement d’une ère démocratique pour les peuples. Souhaitons à cet égard que les revendications qui se font jour en Algérie, au Bahreïn, en Jordanie, en Lybie, au Maroc et au Yémen n’en soient qu’à leurs prémices et se traduisent, elles aussi, par des changements démocratiques profonds.

Maintenant que nous avons ouvert les yeux sur la réalité du sort de ces populations, nous ne pouvons plus faire comme avant.

Nous devons reconnaître la responsabilité que nous, pays occidentaux, portons dans la situation de désespérance sociale de ces peuples. En effet, depuis des décennies, nos gouvernements ont fait preuve de complaisance à l’égard de ces régimes policiers au nom d’intérêts économiques et d’une hypothétique stabilité dans la région jugée stratégique. Pire encore, ils ont aggravé les conditions économiques et sociales déjà fortement dégradées de ces populations en faisant la promotion, dans ces États, de politiques néo-libérales. Les diktats du FMI, les privatisations imposées et les accords de libre-échange et de partenariat avec l’Union européenne, pour ne citer qu’eux, ont contribué à creuser les inégalités et à alimenter la corruption ! Les très nombreux mouvements sociaux dans les entreprises en Tunisie et en Egypte sont là pour nous le rappeler

Nous devons désormais accompagner les aspirations de la rue arabe, condamner les répressions actuelles. Nous devons rester vigilants pour que la victoire du peuple ne lui soit pas confisquée. Cela suppose, de notre part, de redéfinir la politique d’aide au développement en faveur des pays de la région méditerranéenne dans un sens favorable aux hommes et non aux intérêts du libéralisme économique.

Michel Billout

Ancien sénateur de Seine-et-Marne
Voir le site Contacter par E-mail Suivre sur Facebook

Ses autres interventions :

Sur le même sujet :

International