INTERVENTION DE M. MICHEL BILLOUT à L’OSCE : BIELORUSSIE ET LIBERTE DE LA PRESSE EN EUROPE

Publié le 17 février 2011 à 16:48 Mise à jour le 8 avril 2015

Madame la Présidente, mes chers collègues,

La situation actuelle en Biélorussie est effectivement très grave. Outre les fraudes massives qui ont été évoquées, les manifestations qui ont suivi la proclamation des résultats de l’élection présidentielle ont été sévèrement réprimées et des centaines d’opposants au régime, de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme injustement incarcérés. Et la répression se poursuit aujourd’hui encore.

L’OSCE doit donc condamner fermement ces agissements et prendre les décisions qui s’imposent : enquête, envoi d’observateurs aux procès... Il en va de la crédibilité de notre organisation.

Je souhaiterais également profiter de la présence de Mme Mijatovic pour évoquer un sujet qui me paraît également très préoccupant, celui de la liberté des medias. Les récents évènements en Biélorussie sont venus souligner à quel point la liberté d’expression n’était qu’un mythe dans ce pays.

Mais, sans atteindre le degré d’oppression que connait la Biélorussie, j’ai le sentiment qu’on assiste à une recrudescence des atteintes à la liberté d’expression et à l’intégrité physique des journalistes dans l’espace de l’OSCE, malgré les engagements pris lors de la session d’Oslo. C’est d’ailleurs ce que laisse entendre le rapport 2010 de l’ONG « Reporters sans frontières », qui évoque une nette dégradation de la situation de la liberté de la presse en Europe.

Nous avons tous en tête l’agitation suscitée par le projet de loi hongroise sur les médias le mois dernier, finalement modifiée. Mais, je dois dire que mon pays, relégué cette année à la 44e place du classement, n’est pas non plus épargné par cette triste tendance. Concentration excessive des entreprises présentes dans le domaine des médias, renforcement du contrôle politique sur ce secteur, violation de la protection des sources, manœuvres d’intimidation des journalistes, limogeage de certains d’entre eux, jugés politiquement incorrects… Aussi souhaiterais-je interroger Mme Mijatovic sur les actions qu’elle entend entreprendre au cours des prochains mois pour enrayer la dégradation fâcheuse que l’on constate aujourd’hui.

Je souhaiterais enfin conclure sur une note d’espoir, celle apportée par les nouvelles technologies. Internet et les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle déterminant dans la propagation des idées et l’émancipation des peuples, comme le confirment les soulèvements actuels dans les pays de la rive sud de la Méditerranée. Mais, pour que ces outils participent à la vitalité de la démocratie dans nos pays, il convient de garantir que le principe de liberté soit véritablement respecté. Il est particulièrement grave de chercher à brider la toile, d’y imposer une forme de censure, alors même qu’elle devient peu à peu le support essentiel de l’information. Je crois que notre Assemblée devrait, au cours de l’une de ses prochaines sessions, se pencher plus avant sur cette question. Je voudrais également questionner Mme Mijatovic sur les activités qu’elle conduit dans ce domaine.

Michel Billout

Ancien sénateur de Seine-et-Marne
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