Une vision centraliste dépassée et surannée

Réaction aux propos de Philippe Dallier sur la Métropole

Publié le 28 novembre 2017 à 18:25

Dans une interview aux Échos ce mardi 28 novembre, M. Philippe DALLIER, sénateur de Seine-Saint-Denis et vice-président de la Métropole du Grand Paris déclare que celle-ci doit « absorber les départements de la petite couronne » par souci de simplicité et d’efficacité, confondant comme beaucoup dans ce débat simplicité et simplisme.

L’exemple londonien que cite M. DALLIER pour illustrer son « périmètre idéal » n’est pourtant qu’un exemple parmi d’autres. De Bruxelles à Madrid, en passant par Rome ou Berlin, toutes les « métropoles capitales » européennes ont des périmètres à échelles différentes, des espaces tant urbains que ruraux.

La pertinence c’est adapter plutôt que copier. La pertinence, c’est ce qui est juste et efficace. La pertinence c’est poser des limites qui ne soient pas des coupures.
Or, le projet de M. DALLIER (et celui du gouvernement n’en est pas très éloigné) n’est pas uniquement un projet « gestionnaire ». Ce qui est visé, ce sont les politiques sociales et solidaires des départements et des communes. Dès 2008, M. DALLIER était clair, souhaitant une Métropole aux « compétences limitées à quelques grandes thématiques » (logement, urbanisme, etc.). Qu’en sera-t-il alors des politiques de solidarité ? Dans la Métropole de P. DALLIER, tout cela sera balayé d’un revers de main, pour aboutir in fine à l’éviction des catégories populaires, à la création d’une Métropole pour les banquiers d’affaires et pour les plus aisés.
La Métropole à l’échelle de la petite couronne, c’est entériner « l’hypercentre », c’est recentraliser et c’est contribuer à la persistance des déséquilibres régionaux. Surtout, cela reviendra à délaisser la grande couronne, tout en écrasant les communes et l’espace départemental actuel, et donc les politiques de proximité. M. DALLIER est prisonnier de conceptions dépassées de l’urbanisme qui ont pourtant échoué, générant dans toute la région étalement urbain, banlieues-dortoirs, hausse massive des prix de l’immobilier, transports saturés, etc.

La région capitale de demain est au contraire une métropole polycentrique, décentralisée. C’est à cette échelle que se conçoivent en partenariat les grands projets d’organisation du territoire, à l’exemple du nouveau métro francilien, qui irriguera bien au-delà de l’actuelle Métropole.

Contrairement à ce que peut dire M. DALLIER, l’existence du département est tout à fait pertinente dans ce cadre. En effet, c’est cet échelon intermédiaire qui fonctionne le mieux pour concilier proximité et taille suffisante pour activer des mécanismes de péréquation et de solidarité entre banlieues aisées et plus populaires.

La pertinence, elle est donc d’abord à conserver ce qui marche, ce qui est utile. Comme sénateur, comme conseiller départemental d’Ivry et comme habitant du Val-de-Marne, je défendrais toujours ces politiques utiles au quotidien : les crèches départementales publiques, Ordival, les partenariats communes/départements, etc. Des politiques qui ont du sens, de l’utilité pour tous, que les citoyen.nes du Val-de-Marne ont collectivement et démocratiquement choisi, et qui sont aujourd’hui menacées par un projet technocratique, qui aboutira à briser la solidarité, engendrant de nouvelles fractures sociales et territoriales.

PascalSavoldelli

Sénateur du Val-de-Marne
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