Le Gouvernement a présenté aujourd’hui son projet de loi relatif à l’asile et à l’immigration porté par le Ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. Sa ligne de conduite ? La régulation voire la réduction du flux migratoire dans notre pays en opposant l’asile à l’immigration économique.
Les associations costarmoricaines œuvrant en la matière m’ont déjà alerté sur les conséquences dramatiques des dispositions contenues dans ce texte de loi. La réduction des délais de recours, l’allongement de la durée des gardes à vues ou de la détention dans les centres de rétention…sont autant de mesures complexifiant leurs missions essentielles d’accompagnement et d’aide envers les migrants. Comment dans ces conditions, secourir, abriter, nourrir et soutenir les migrants quand tout est fait pour les en empêcher ?
Dans ce domaine, l’humanité ne peut pas être associée à la fermeté. A chaque fois, des rapports nous démontrent l’urgence d’agir pour sauvegarder notre statut de pays des droits de l’homme, d’une terre d’accueil, tout en essayant de convaincre « les candidats à l’immigration que l’herbe est beaucoup plus verte ailleurs ». Par la force si besoin.
Ce projet de loi est illusoire. Il évite surtout de regarder les véritables défis en face. Mais les réponses pragmatiques à la réalité des situations vécues sur le terrain sont absentes, malheureusement. Par exemple, pour le logement, il est proposé la création de 7500 nouvelles places d’hébergement en 2018-2019 et 5000 pour l’accueil des réfugiés en centres provisoires d’hébergement. C’est largement insuffisant. D’autant plus que cette question de l’hébergement doit être inscrite dans un projet plus global avec la santé et l’éducation, pour accueillir décemment ces personnes.
Ce texte de loi aurait pu être une occasion de mener une bataille pour déconstruire les idées reçues sur l’immigration : celle de la dignité. Celle de l’arrivant qui cherche simplement une vie meilleure au risque de la perdre, mais celle aussi d’un pays capable de l’accueillir dans les meilleures conditions. Ceci serait une révolution.