Aujourd’hui, 330 000 personnes demeurent sans domicile, c’est deux fois plus qu’il y a dix ans. Les moyens mis en œuvre par le gouvernement et les places d’hébergement demeurent insuffisants pour répondre à l’urgence. La construction de logements sociaux est au plus bas depuis 30 ans, et le niveau des loyers est de plus en plus inaccessible.
Les annonces de Gabriel Attal, qui souhaite réduire les obligations de construction de logements sociaux en intégrant le logements dits “intermédiaires” dans le calcul des 25% de logements sociaux obligatoires, contribueront à aggraver la crise.
Le rapport de la fondation Abbé Pierre diffusé aujourd’hui pointe particulièrement l’habitat indigne, alors que la “bombe sociale” du logement “a explosé”, selon Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé Pierre.
Sur les 12,1 millions de personnes fragilisées par rapport au logement, 1 123 000 personnes habitent un logement dans une copropriété en difficulté. Les situations vécues derrière ces chiffres sont souvent sans solution, alors que les syndics ne remplissent pas toujours leur rôle, ou que quelques-uns en profitent, alors que les copropriétaires ont de plus en plus de mal à faire face au coût des travaux.
Les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE-K ont lancé une commission d’enquête sur “la paupérisation des copropriétés immobilières”, dont les 19 membres ont été désignés ce jour. Marianne Margaté, sénatrice CRCE-K de Seine-et-Marne, devrait en être rapporteure.
“Beaucoup de copropriétaires sont pris en étaux. Ils n’ont ni les moyens de faire les travaux, ni les moyens de partir, car personne ne veut racheter un bien dans une copropriété dégradée. Ces copropriétaires demeurent propriétaires d’un mal-logement que les pouvoirs publics laissent perdurer et qui a des conséquences sanitaires et sociales insupportables”, dénonce la sénatrice.
La commission d’enquête, qui durera six mois, devra permettre de répondre à cette problématique, alors que le projet de loi du gouvernement sur l’habitat indigne, qui arrive au sénat le 27 février prochain manque d’une véritable ambition, même s’il apporte quelques améliorations aux dispositifs existants.
70 ans après, l’appel de l’Abbé Pierre semble bien loin, et pourtant toujours autant d’actualité.