Données générales :
Le domaine pénitentiaire s’étend sur 30,7 hectares.
Le centre pénitentiaire a une capacité d’accueil de 1272* places - au lieu des 1451* places constatées en avril 2000 dans le cadre de la délégation de la commission d’enquête sénatoriale - pour 1820 détenus, le jour de notre visite, répartis sur 932 cellules.
La différence (179* places en moins) s’explique par le fait que des cellules occupées hier par des détenus accueillent aujourd’hui des activités sociales en direction des détenus
Sur ces 1820 détenus, on compte 152 femmes (dont 5 mineures) pour 148 cellules. Soit un taux d’occupation de 140%. A noter que nous n’avons pas eu le temps de nous rendre dans le quartier réservé aux femmes.
La moyenne d’âge des prisonniers est de 37 ans.
27% d’entre eux sont des étrangers.
La moitié purge une peine inférieure à un an.
67% sont des condamnés.
45 % n’ont aucun moyen financier.
L’ensemble du personnel représente un effectif théorique de 670 personnes dont 600 surveillants. Treize postes n’étaient pas pourvus lors de notre visite. 27,6% sont des femmes. Le taux d’absentéisme, qui était en 2000 d’environ 20%, semble avoir diminué de manière importante pour atteindre 3,5% (soit 20 malades).
L’établissement a comptabilisé 7 suicides en 2003.
Les conditions de détention :
Les bâtiments A et B du centre pénitentiaire sont les plus étendus et aussi les plus vétustes. La majorité des cellules ne comportent pas de mur de séparation pour les toilettes, les cellules « accueillent » entre 2 et 3 détenus.
Le bâtiment D, le plus récent, construit en 1989, s’il offre de meilleures conditions de détention, il est déjà dégradé. C’est dans ce bâtiment que se situe le quartier d’isolement qui compte 30 places, toutes occupées et le quartier disciplinaire avec 25 cellules, dont 22 étaient occupées.
Le centre pénitentiaire comporte une unité destinée à accueillir des personnes devant quitter prochainement la prison (stages organisés pour 12 détenus environ).
Le centre pour peines aménagées, ouvert en 2002 (en lieu et place de la prison hôpital qui a fermé en 1998) permet d’accueillir 39 détenus (24 le jour de la visite).
Cet établissement est fréquemment appelé à accueillir les détenus de la maison d’arrêt d’Aix-Luynes (gérée par le privé) pour éviter le paiement de pénalités. Il a accueilli en décembre 2003 une cinquantaine de détenus venant de la centrale d’Arles suite aux inondations du Rhône (17 y séjournaient encore).
Le plan de rénovation du centre pénitentiaire, lancé en 1998 pour un montant de 500 millions de francs, qui devait s’étaler sur 8 ans et qui prévoyait notamment l’installation des douches dans chaque cellule (actuellement situées sur les étages) n’est toujours pas engagé.
Il est annoncé pour janvier ou février 2005 (soit 7 ans plus tard que prévu) et pour un montant aujourd’hui de 152 millions d’euros (près d’un milliard de francs). Il devrait se réaliser en 3 tranches étalées sur 10 ans.
La 1ère tranche : prévue pour janvier 2005/2008 environ.
Elle concerne l’accueil, la porterie, les miradors, le parloir, le greffe, le déplacement du mess à l’extérieur de l’enceinte de la prison.
Le parloir, avec ses 56 boxes très exigus, peut accueillir quotidiennement entre 230 et 250 détenus et, 350 à 450 visiteurs.
A noter qu’il n’existe aujourd’hui qu’une seule porte d’entrée pour le personnel et les familles.
La 2ème tranche : prévue pour 2008/2012.
Elle concerne la rénovation du bâtiment A (les travaux seront effectués par moitié pour permettre de déplacer les détenus au fur et à mesure de l’avancement des travaux) et des ateliers qui accueillent actuellement 120 détenus (+ 200 au service général). L’objectif étant d’agrandir la capacité pour donner à plus de détenus la possibilité de travailler.
Quant à la 3ème tranche : Prévue pour 2012/2015, elle concerne la rénovation du bâtiment B.
Le relais enfants-parents :
Cette association, présente depuis 13 ans dans les maisons d’arrêt des Baumettes et de Luynes, œuvre efficacement, à la demande des parents, au maintien des liens entre le parent détenu et ses enfants.
Toutefois, cette association - qui compte deux permanents (au lieu de trois auparavant) et des bénévoles qui accompagnent les enfants lors de leurs visites auprès d’un parent incarcéré et organisent certaines fêtes pour atténuer la violence de la séparation - rencontre de grandes difficultés financières.
Elle doit, en effet, faire face à un déficit de 15 000 euros dû au désengagement de l’Etat dans le cadre du contrat de Plan Etat-Région. (Voir échanges de courriers ci-après).
Les observations de la CGT et de l’UFAP :
Les syndicats soulignent les effets déplorables qu’engendre la surpopulation pénale sur les conditions de travail des personnels de l’administration pénitentiaire, surtout lorsque ces derniers sont confrontés à des détenus atteints de troubles psychiatriques.
Ils estiment, par ailleurs, que l’Etat et le gouvernement doivent assumer toutes les conséquences et les répercussions des choix politiques qu’ils effectuent dans le cadre de la mise en œuvre de la « tolérance zéro ».
Quatre années après la publication des rapports d’enquête de l’Assemblée nationale et du Sénat sur les conditions de détention en France ;
Six années après l’annonce du lancement des travaux de rénovation de l’établissement, les personnels doutent profondément de la volonté politique du ou des gouvernements, comme des parlementaires d’aller au bout de leurs engagements.
Le sentiment de méfiance, constaté en 1998, n’a fait que s’accroître.