Données générales :
Cet établissement a été mis en service le 23 mars 2003.
D’une capacité de 615 places, il accueille actuellement 748 détenus et gère plus de 12 détenus placés sous surveillance électronique (bracelet électronique).
Il comprend une maison d’arrêt, composée de deux bâtiments avec 360 places pour 502 détenus (soit un taux d’occupation de 144%*), et un quartier pour mineurs de 20 places dont 14 occupées le jour de ma visite. Présence de lits superposés et de 80 des matelas ajoutés à même le sol].
L’établissement dispose, par ailleurs, d’un quartier « arrivants » de 15 places dont 10 occupées, de 10 cellules d’isolement toutes occupées et de 9 cellules disciplinaires dont 7 occupées.
Le centre de détention de 180 places comprenant 175 détenus. Trente places sont réservées aux détenus placés sous le régime de la semi-liberté.
Trois cellules sont aux normes pour accueillir des personnes atteintes d’un handicap
Les étrangers représentent environ 20% de la population carcérale.
L’ensemble du personnel représente 200 personnes dont 170 surveillants parmi lesquels on compte 24 femmes. Dix postes ne sont pas pourvus.
Conditions de détention :
Les cellules disposent d’un cabinet de toilette (WC-douche) ; ce qui est un gros progrès par rapport au parc pénitentiaire existant et offre de bien meilleures conditions de détention.
Le parloir :
Composé de 40 boxes spacieux et éclairés naturellement dans la mesure où ils donnent sur un patio, il pose un problème au niveau du sas d’entrée qui est vite encombré.
Unités de vie familiale (UVF) : deux unités ont été réalisées et entièrement équipées : il s’agit de 2 studios avec séjour, cuisine, chambre, salle de bain, dont un est équipé pour accueillir un détenu handicapé (ou conjoint).
Il est très regrettable que ces structures soient inutilisées alors qu’elles pourraient ouvrir dès demain.
M. Perben - très réticent à la généralisation de ces structures proposées sous le précédent gouvernement - n’a autorisé que des expériences.
Les ateliers :
40 à 50 détenus y travaillent.
Or, on dénombre 70 indigents dans l’établissement d’après la direction.
L’association VIRAJE qui s’occupe de l’accueil des familles de détenus, du soutien et de l’orientation des libérés après leur sortie, m’indique que 100 détenus disposent d’un euro seulement par semaine, 200 autres de moins de 5 euros par semaine et 300 autres de moins de 7 euros par semaine.
La formation professionnelle des détenus sous la forme de stages est assurée par l’association Léo Lagrange :
10 —> PAO
12 —> Bâtiment
12 —> Maintenance des locaux
12 —> Soudage
12 —> Sports
Par ailleurs, un stage « cuisine » doit débuter en septembre 2004.
Installations sportives de qualité :
Il y a un plateau sportif et un gymnase.
L’UCSA en partenariat avec l’hôpital d’Avignon :
Dispose d’un centre dentaire, d’une unité de radiologie avec transmission numérisée directe avec le service de l’hôpital, d’un psychiatre et d’un pédopsychiatre (pour les mineurs)
A noter que 40% des détenus sont suivis pour des troubles psychiatriques.
Problème des suicides malgré les dispositions prises par l’administration pénitentiaire :
Le taux de suicide dans cet établissement est supérieur à celui des prisons plus vétustes.
On note 6 décès depuis l’ouverture de l’établissement dont 4 par pendaison, un par absorption de médicaments et une mort naturelle.
Pour tenter de remédier à cette situation, une commission préventive des suicides, composée de représentants du personnel de l’administration pénitentiaire, d’un médecin et de représentant du service social, a été mise en place.
Elle se réunit tous les 15 jours avec un suivi personnalisé des détenus, après une évaluation médicale à leur arrivée et une surveillance spéciale selon leur profil médical.
Le personnel a bénéficié quant à lui d’une formation de deux jours à l’ouverture de l’établissement.
Une formation régionale sur trois jours bénéficie à une trentaine d’agents. Elle sera de six jours à partir de septembre 2004.
Les familles sont informées dans la demi-heure qui suit le décès et sont reçues par le directeur de la prison. Elles ont la possibilité de voir le corps du défunt dans un délai de 24 à 48 heures.
L’avocat du détenu est informé.
Les co-détenus sont présentés au service médical et changés de cellule. Une information est donnée aux détenus de l’étage.
Alors que la modernité devait améliorer les conditions de détention, elle s’est traduite dans les faits par moins de relations humaines entre les prisonniers, entre les prisonniers et les surveillants, entre les surveillants eux-mêmes.
Les suicides surviennent, ici comme ailleurs, au début de l’incarcération. On peut y voir également un effet de l’encellulement individuel puisque le détenu seul en cellule ne peut être secouru par son co-détenu.
Le contraste est donc saisissant entre la modernité et la déshumanité qui s’en dégage. C’est un fait connu et reconnu par les surveillants comme par les détenus.
Cela augure mal, à mon sens, du projet immobilier du gouvernement consistant à construire 13 000 places supplémentaires dans des établissements neufs.