Visite à Salah Hamouri : Interview de Michel Billout à son retour de Palestine

Publié le 10 décembre 2009 à 17:12 Mise à jour le 8 avril 2015

Comment avez-vous trouvé Salah Hamouri ?

Salah m’a beaucoup impressionné. Après cinq années de détention, lorsqu’il peut rencontrer un visiteur, c’est avant tout pour lui parler des revendications du peuple palestinien et de la nécessité d’agir très vite pour améliorer le sort qui est fait aux centaines d’enfants et adolescents emprisonnés en Israël après des jugements expéditifs, la plupart prononcés par des tribunaux militaires siégeant en zone occupée. Il a trouvé la force d’utiliser les cinq années de sa jeunesse qui lui ont été volées à s’instruire afin d’être plus efficace , dès sa sortie de prison, pour l’action en faveur du respect des droits des palestiniens, pour la création d’un Etat souverain et viable, au côté de celui d’Israël. Salah est un jeune homme remarquable.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le type de prisonniers de Guilboa et leurs conditions de détention ?

La prison de Guilboa, au nord d’Israël, regroupe principalement des prisonniers politiques.

Ils sont au nombre de 600, divisés en 4 groupes et répartis en cellules de huit. Contrairement aux prisons du sud où membres du Hamas et du Fatah sont séparés, à Guilboa il n’y a pas de distinction. Les espaces m’ont paru exigüs. Les prisonniers politiques en Israël bénéficient d’un statut moins dur que les autres. Les 11 500 prisonniers politiques palestiniens ont souvent le statut de prisonniers de droit commun. Ceux-ci, depuis la capture du soldat Shalit, ne peuvent recevoir la visite de leurs familles.

A Guilboa, les prisonniers peuvent recevoir une visite de leurs proches tous les 15 jours. La maman de Salah peut ainsi le voir un dimanche sur deux, derrière une vitre, après avoir patienté 5 ou 6 heures. Une façon de décourager les familles et les détenus. Salah nous a dit que ce sont plus les esprits que les corps qui sont contraints. Il n’a cependant rien voulu dire des mois d’interrogatoires qu’il a subis. Le courrier des prisonniers est soumis à la censure. Ils ne sont autorisés qu’à envoyer deux lettres et trois cartes postales par mois. Ils peuvent regarder la télévision mais seulement des fictions ou des émissions sportives, jamais d’émissions d’information. Ils ne peuvent avoir plus de deux livres en même temps dans leur cellule et les livres politiques sont interdits. Les demandes d’abonnement au Monde et à l’Humanité faites par Salah lui sont pour le moment refusées. Il y a une claire volonté de les couper du monde.

Comment contribuer à la libération de Salah ?

Le sort de Salah est étroitement lié à la politique israélienne de violence et de mépris à l’égard des Palestiniens. Il est devenu un symbole de la cause palestinienne. La possibilité que soit libérer Salah est donc liée aux pressions que la communauté internationale est capable d’exercer sur le gouvernement israélien pour qu’il respecte les droits de l’homme, le droit international et s’engage vers un processus de paix équitable pour les deux peuples. Ce n’est pas du tout ce que l’on constate aujourd’hui, bien au contraire. Agir pour libérer Salah consiste donc à faire notamment pression sur notre gouvernement pour qu’il agisse courageusement en faveur d’une paix juste et durable au proche orient basée sur la création de deux Etats ayant pour capitale Jérusalemen et les frontières définies en 1967. Il faut également faire pression sur le président de la République pour qu’il défende réellement la cause de Salah, injustement condamné et emprisonné. Tout doit donc être entrepris pour sensibiliser l’opinion publique en France et le maximum doit être fait pour que le gouvernement israélien sache combien est importante la solidarité des Français à l’égard de Salah. C’est pourquoi j’invite toutes celles et tous ceux qui le peuvent à rendre visite à Salah dans sa prison ou à lui écrire. C’est pourquoi j’invite également tous les élus à proposer des délibérations de soutien à leurs instances territoriales.

Michel Billout

Ancien sénateur de Seine-et-Marne
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