Une rentrée scolaire placée sous l’égide d’une politique de renoncement

Publié le 6 septembre 2006 à 10:46 Mise à jour le 8 avril 2015

Pour le gouvernement tout se passe bien dans le meilleur des mondes et la rentrée scolaire se déroule dans de très bonnes conditions, dans un climat serein, à en croire les propos du ministre De Robien ! Pourtant, les syndicats de l’éducation nationale ont lancé un appel à la grève nationale pour le 28 septembre, afin de dénoncer une nouvelle fois, la mise à mal du service public de l’éducation nationale et les conséquences qu’elle entraîne pour les élèves.

La suppression de plus de 8500 postes dans l’éducation nationale, cumulée à l’austérité budgétaire imposée par l’Etat ces dernières années, non seulement contredit les engagements du gouvernement, mais plus grave encore, fait fi du ras le bol de nos jeunes exprimé à plusieurs reprises, en novembre 2005 ou encore lors de la mobilisation anti-CPE. Pour Monsieur De Villepin, cette mesure entraînera "500 à 600 millions d’euros d’économies", mais en réalité elle hypothèque l’avenir même de notre pays en dégradant fortement les conditions de travail des enseignants et des élèves. Quant aux belles déclarations du ministre de l’éducation nationale concernant les moyens supplémentaires accordés aux établissements « Ambition Réussite » (1000 enseignants expérimentés, 3000 assistants pédagogiques, 200 infirmières scolaires), elles relèvent de la pure démagogie puisqu’ils se feront en partie par redéploiement. En effet, les 1000 postes d’enseignants supplémentaires seront pris sur l’ensemble des collèges, qui perdront 1/2 heure d’enseignement non affecté en classe de 5ème et de 4ème.

Ce ne sont pas d’effets d’annonces, d’incantations, dont notre école a besoin aujourd’hui, encore moins d’un budget en constante régression.

Au contraire, elle doit bénéficier, pour la réussite de tous nos jeunes, d’une véritable politique éducative qui s’échelonne sur plusieurs années, avec des moyens humains et financiers à la hauteur de son ambition. Aujourd’hui plus que jamais, les jeunes ont besoin d’une Ecole lieu d’excellence de la transmission de la connaissance et de la culture, qui doit donner l’envie de savoir ainsi que le plaisir d’apprendre ensemble, préparant les élèves à se comporter en personnes responsables, c’est-à-dire en citoyennes et citoyens de demain afin de construire un monde plus juste, plus équitable.

Aux antipodes de cette ambition le ministre Gilles de Robien, non content de tailler le budget, se flatte des « dispositifs Fillon » qui vont être mis en place pour cette rentrée scolaire (socle commun, Programme Personnalisé de Réussite Educative,...) transformant l’école de la République en un instrument de légitimation d’une division sociale inégalitaire, tournant le dos à la réussite scolaire de toutes et tous nos jeunes.

Pour toutes ces raisons, je condamne fermement les arbitrages budgétaires du gouvernement, incohérents et dangereux pour l’avenir de nos élèves et par là même pour l’avenir de notre pays et je serai aux côtés de la communauté éducative le 28 septembre !

Annie David

Ancienne sénatrice de l'Isère
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