Trois mois d’Etat d’urgence : la dérive autoritaire de De Villepin et Sarkozy

Publié le 14 novembre 2005 à 13:08 Mise à jour le 8 avril 2015

Alors que le retour au calme se confirme dans les banlieues, alors que les violences et dégradations inacceptables régressent, gouvernement décide péremptoirement de proroger l’état d’urgence, par l’adoption ce matin, lors d’un Conseil des ministres extraordinaire, d’un projet de loi.

La précipitation est de mise pour imposer à ces quartiers, où l’heure devrait être au dialogue et à la mise en œuvre de moyens exceptionnels pour répondre à l’urgence sociale, qui elle est bien là, une chape de plomb autoritaire.

La radicalisation droitière du pouvoir emmenée par un Nicolas Sarkozy qui maîtrise de moins en moins son appétit de pouvoir et ses pulsions répressives, puise sa source dans son refus de s’attaquer à l’insécurité sociale qui mine notre société. C’est là une attitude classique des libéraux : le recours à l’Etat gendarme pour assurer la domination des plus riches.

Le recours à la loi d’exception de 1955, reflet d’une France en guerre, souligne la violence de l’assaut des partisans d’un ordre établi au seul profit d’une infime minorité.

En toute logique, le gouvernement foule une nouvelle fois au pied les droits du parlement. Ce dernier, Assemblée nationale et Sénat devra voter dans les trois jours un projet de loi aussi lourd, aussi dangereux pour les libertés publiques, alors que la France n’est pas à feu et à sang.

La décision du gouvernement est lourde de conséquence. Elle nécessite une large mobilisation des démocrates, des républicains, fidèles aux principes fondateurs de liberté, d’égalité et de fraternité, qui doivent répondre, dans la dignité et le calme à cette nouvelle provocation d’un gouvernement qui érige la démonstration de force en stratégie politique.

Nicole Borvo Cohen-Seat

Ancienne sénatrice de Paris et présidente du groupe CRC

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