Les 24 sénateurs communistes et du parti de gauche (CRC-SPG) ont déposé à eux seuls près de la moitié des 1.200 amendements sur le projet de loi de réforme des retraites, se succédant nuit et jour dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg pour les défendre.
Vendredi, après déjà près de deux semaines de débat sur la réforme, les 22 communistes et deux sénateurs du Parti de gauche (François Autain et Marie-Agnès Labarre) affirment avoir cumulé au moins 800 interventions orales pour expliquer le contenu de leurs 590 amendements ou débattre des articles. Le groupe socialiste (116 membres) a déposé 340 amendements.
"J’ai tout annulé, y compris mes permanences", explique Odette Terrade (PCF) qui publie également une "carte info" électronique relatant la discussion au Sénat "au jour le jour". Isabelle Pasquet ou Marie-France Beaufils sont désormais enrouées mais assurent de leur "volonté sans faille". Guy Fischer, également vice-président du Sénat, coordonne les interventions en séance où il assure une présence constante. "Comme nous sommes toujours de 10 à 15 présents en séance nous pouvons relayer notre parole", dit-il. "Elles sont vraiment vaillantes", ajoute-t-il. Le CRC-SPG comporte une majorité de femmes (13) et est le seul groupe présidé par une femme, Nicole Borvo Cohen-Seat.
Une vingtaine de collaborateurs rédigent amendements et explications de vote. "Nous sommes portés par ce qui se passe dans le pays", assure le secrétaire général du groupe, Marc Hainigue, 47 ans dont 27 au Sénat.
Dans leurs bureaux, au rez-de-chaussée du Palais du Luxembourg, les 33 articles du texte sont placardés un par un sur les murs avec la liste des amendements et interventions prévus. "Il faut faire attention à ce que les amendements ne deviennent pas irrecevables et être très réactifs pour pouvoir sous-amender par exemple des amendements du gouvernement déposés à la dernière minute ou quand l’ordre d’examen des articles est changé", souligne M. Hainigue.
Le gouvernement a demandé que les articles clés de la réforme -articles 5 et 6 - portant sur le report des bornes d’âge de départ de 60 à 62 ans et de 65 à 67 ans, soient discutés en priorité, donc avant l’article 1.
Le groupe cherche aussi à être visible par des petits "coups médiatiques". Il a ainsi à l’ouverture du débat sur les retraites déployé une banderole dans l’hémicycle proclamant "écoutez le peuple, retirez votre projet de loi".