Soucieux du devenir de l’Algérie, du sort des démocrates algériens qui aspirent à l’instauration d’un Etat démocratique, doté d’une justice préservant l’égalité des Droits de tous, j’attends de Monsieur CHIRAC, en visite ce jour à Alger qu’il rappelle au Président Abdelaziz Bouteflika, l’attachement de la France au respect des libertés individuelles et collectives.
Car les informations préoccupantes qui nous parviennent témoignent d’une multiplication d’atteintes aux Droits Fondamentaux contraires à l’image d’une Algérie moderne et contraires à l’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, signé le 23 avril 2003 à Valence dans le cadre du Partenariat euro méditerranéen, lequel contient une clause contraignante obligeant les parties contractantes à promouvoir les droits humains et à les protéger.
A ce jour, rien n’a été fait pour traiter les séquelles laissées par 10 ans de violence qui s’est traduite, par plus de 100 000 morts, 7 000 disparus et des milliers de personnes torturées. Pire, les autorités algériennes ont exempté de poursuites pénales des milliers de membres des groupes armés « islamistes » alors que certains ont commis des exactions susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité et privant ainsi des milliers de victimes de leur droit à réparation. Depuis 1998, des charniers sont découverts sans qu’aucune recherche sur les causes des décès et l’identité des responsables ne soit menée.
La lumière doit être faite, en toute transparence et impartialité pour retrouver les responsables, punir les criminels à l’issue de procès équitables et ainsi reconnaître le droit à réparation des victimes. D’autant que la négation des faits, des méfaits, est la porte ouverte à leur renouvellement, à leur propagation.
D’autre part, l’Algérie traverse une crise des droits humains d’une ampleur sans précédent. Les libertés individuelles et collectives, la liberté d’expression et d’opinion, la liberté de la presse et le pluralisme politique, droits des plus élémentaires, sont systématiquement réprimés, censurés, condamnés. En témoigne le refus d’autoriser la présence d’observateurs étrangers pour surveiller l’évolution de cette situation. Enfin l’utilisation abusive de l’argument de « lutte contre le terrorisme » pour justifier les violations massives des droits humains tels que le recours à la torture en détention, les arrestations arbitraires, les détentions secrètes, les disparitions sont autant d’obstacles à la mise en œuvre de l’Accord d’Association entre l’Algérie et l’Union européenne.