Alors qu’un rendez-vous de négociations sur les retraites est prévu début 2008, le gouvernement prépare un décret spécifique aux régimes spéciaux... en prélude à leur suppression !
Déjà dans le collimateur de Juppé en 1995, puis de Fillon lors de la réforme des retraites de 2003, les régimes spéciaux (qui concernent 500 000 actifs et 1,1 millions de retraités) reviennent sur le devant de la scène avec l’annonce par François Fillon selon laquelle le dossier serait bouclé et Nicolas Sarkozy ferait part de sa décision le 18 septembre prochain
Exit la négociation, ce serait donc le fait du prince ?
Cette annonce du Premier ministre, en accord avec le Président de la République, s’inscrit dans la droite ligne d’un ensemble de mesures gravissimes qui portent une atteinte sans précédent aux acquis sociaux : il y a déjà eu : le "paquet fiscal", cadeau supplémentaire de près de 14 milliards aux plus riches ; la remise en cause du droit de grève dans les transports publics... et préfigure les projets de l’automne : franchises médicales, TVA sociale, réductions massives des emplois dans la fonction publique d’État (suppression en 2008 de 22 843 postes dont 11 200 dans l’éducation nationale), refonte du contrat de travail instaurant la précarisation généralisée, élargissement du recours au travail le dimanche... autant de dispositions qui tendent à réduire la valeur du travail, retirer aux salariés leurs moyens de défense, précariser encore les plus défavorisés en restreignant leur accès aux droits fondamentaux que sont l’emploi,le logement, la santé et l’éducation.
C’est inacceptable et je serai aux côtés des salariés qui organisent déjà la riposte.
La suppression des régimes spéciaux est l’un des volets d’une réforme des retraites qui a déjà contraint les salariés à cotiser plus longtemps, qui dégrade depuis quinze ans le pouvoir d’achat des retraités. Les assureurs ne s’y sont pas trompés qui ont déjà lancé sur le marché des contrats vieillesse et dépendance.
S’ils doivent être remis à plat, ce doit être dans le cadre de la solidarité intergénérationnelle qui a présidé à la mise en place du système de répartition et dans la perspective de "tirer vers le haut" la protection de l’ensemble des salariés, et non l’inverse. En tout état de cause, c’est aux partenaires sociaux qu’il appartient de lancer cette discussion et non à un pouvoir dont l’autoritarisme se manifeste dans tous les domaines.