Ce qui est choquant dans cette affaire de révision constitutionnelle, ce n’est pas le débat d’idées, le fait d’être pour ou contre, c’est le mensonge.
Combien de fois faudra-t-il répéter, analyse précise du texte à l’appui, que le projet de loi voté à une voix près hier, ne renforce pas les droits du Parlement, mais conforte la majorité présidentielle au détriment de la minorité, et consacre la domination du Chef de l’Etat.
Comment parler de renforcement du Parlement lorsque le droit d’amendement est mis en cause et la séance publique réduite à sa plus simple expression ?
Le fait nouveau, le seul, est là, le Président de la République prend le pouvoir au Parlement, s’appuyant sur une majorité renforcée, totalement dévouée, mode de scrutin oblige.
Il est trop facile de s’arrêter à la surface des choses sans rechercher le vrai sens d’une réforme.
Des avancées citoyennes avance MM. Sarkozy et consorts. Bigre !
Une possibilité pour le citoyen, bien sûr, de saisir un Conseil Constitutionnel aux ordres du pouvoir. C’est oublier bien vite les connaissances et moyens matériels nécessaires. C’est oublier bien vite la vraie nature du Conseil Constitutionnel, aux ordres du pouvoir.
Une initiative populaire ? C’est faux.
Le filtrage du Parlement et du Conseil Constitutionnel, toujours lui, réduit au simple affichage, cette disposition.
Un contrôle des nominations des personnalités par le Chef de l’Etat ? Cette affirmation confine à la plaisanterie de mauvais goût, puisque 3/5ème des parlementaires doivent s’y opposer. Imagine-t-on les partisans du Président lui faire un tel affront ?
Le contenu de la nouvelle Constitution est dangereux pour la démocratie, mêlé à l’appétit de pouvoir de l’exécutif en place. La vraie démocratisation, car que signifie la modernisation quand elle renvoie à la tentation d’un pouvoir personnel bien archaïque, a été balayée d’un revers de main : point de proportionnelle, point de limitation de cumul de mandat, point de droit de vote des étrangers, rien sur le Sénat, et certainement pas de remise en cause de la toute puissance du Chef de l’Etat.
Nicolas Sarkozy échappe de justesse au désaveu grâce aux marchandages de dernière minute et au ralliement à sa cause d’élus se prévalant jusqu’alors de l’appartenance à la gauche, à ses valeurs de progrès, de pluralisme, de refus de l’autoritarisme.
Les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen continueront dans les mois à venir à lutter pour limiter les effets mortifères pour la République, des initiatives du Président de la République et de ses pratiques politiques, décidément très particulières.