Mesdames, Messieurs,
Cher(e)s ami(e)s,
Je vous remercie d’avoir trouvé quelques instants dans cette période très active pour répondre à mon invitation. Permettez-moi de vous présenter, au nom de notre groupe, mes meilleurs vœux de bonheur, de santé, d’épanouissement dans votre vie professionnelle et vos engagements.
L’année 2003 a été très chargée pour le Parlement. 900 heures de réunions - du jamais vu depuis 1986. Il va sans dire que si c’était pour engendrer de grandes lois sociales, aucun des parlementaires du groupe ne s’en plaindrait.
Hélas, cette logorrhée a été la traduction législative de la politique de classe du gouvernement CHIRAC-RAFFARIN : ultralibéralisme économique, casse sociale, orientations ultra-sécuritaires.
De débat parlementaire, il n’y en a guère - la droite est toute puissante et finalement muette, sauf, vous le savez, pour aider le gouvernement à « pousser le bouchon », sans en avoir l’air. Les récents fameux amendements GARAUD et ACCOYER, l’illustrent parfaitement. Comme la suppression de l’ISF, amendement fétiche du sénateur MARINI.
Ce que la majorité parlementaire a voté, ce sont les privatisations d’Air France et de France Télécom, la remise en cause des 35 heures, un recul historique sur les retraites, la notion de travail forcé, pour contenter les patrons, avec le RMA.
Le MEDEF, réuni hier en assemblée générale, a donné une bonne note et s’est félicité de ces réformes - tout en exigeant d’aller plus loin. Une feuille de route en quelque sorte : refonte du droit du travail, contrôle renforcé des chômeurs, service minimum dans les transports.
C’est déjà le calendrier parlementaire actuel ! Avec le projet de loi « dialogue social » par lequel les accords nationaux ou de branche pourront être contournés dans l’entreprise, avec le projet de CDD généralisés de M. FILLON.
D’ici la suspension électorale, le 4 mars, le gouvernement veut nous faire continuer au pas de charge, pour s’aligner sur la directive européenne « poste » et donner un cadre juridique au démantèlement de la poste déjà, hélas, engagé, et pour faire voter des lois dont il espère un retour électoral.
C’est le cas de la réforme de la loi sur le handicap, qu’il anticipe du coup sans consultation et de la trop fameuse loi annoncée sur le port d’un signe religieux à l’école.
Un mot là-dessus :
Sans préjuger la décision de notre groupe sur le texte tel qu’il sera voté par les députés, comment ne pas alerter sur les lourds dangers que fait peser sur le débat politique le jeu terrible des apprentis sorciers qui tentent, aujourd’hui, de dévier le débat, par pur électoralisme.
La laïcité est un combat profondément démocratique, porteur d’égalité, dont les communistes et, je dirais plus largement, le mouvement progressiste et ouvrier ont toujours porté.
Une loi réglera-t-elle le problème de l’intégration, le drame de la précarité et du mal-vivre dans les cités ? Permettez-moi d’exprimer un doute, un profond doute.
Toute l’hypocrisie de la démarche actuelle tient à cela : les mêmes qui présentent une loi pour tenter de contenir le FN, développent par ailleurs le chômage, la précarité, la mise en cause du service public ; ils poussent à la haine.
Notre combat pour la laïcité, notre rejet des extrêmes et de tous les intégrismes, notre solidarité avec des enseignants qui sont confrontés aujourd’hui à d’immenses difficultés, ne doivent pas nous aveugler quant au jeu politicien en cours.
Nous tenterons, dans les semaines à venir, de rappeler que le combat pour l’égalité n’est pas qu’une affaire de loi, mais aussi d’action quotidienne pour changer la vie.
Par contre, est prévue pour l’après élection la réforme de l’assurance maladie, par ordonnance et en juillet, tout le monde comprend pourquoi !
Nos groupes parlementaires à l’Assemblée Nationale et au Sénat ont dénoncé ce coup de force annoncé - et je formule des vœux pour une mobilisation sans précédent de tous les progressistes. 60 ans après la création de la sécurité sociale.
Je formule des vœux parce qu’aujourd’hui, cette semaine, les salariés du secteur public entrent en action.
Parce que le grand mouvement du printemps dernier ne s’est pas évanoui.
Les grévistes ont été malmenés, le gouvernement a pu marqué des points. Mais le mécontentement, l’indignation sont là.
Les enseignants, les personnels de la santé, les intermittents, sont bien vivants ! Et que dire de cette formidable mobilisation des chercheurs !
Tout n’est pas possible !
Remarquons même que la loi-cadre du gouvernement sur la « décentralisation », devenue « responsabilités locales », organisant la déstructuration de la République, n’est pas encore votée et que les élus locaux de la majorité grognent.
Notons bien aussi que l’ensemble des professions du droit grognent de plus en plus contre l’inflation sécuritaire et la mise en cause accélérée des libertés fondamentales.
Nous ne sommes pas candides.
Nous mesurons ici, au Sénat, au Parlement, comme dans le pays, les difficultés politiques actuelles.
Nous mesurons ici, comme dans le pays, qu’il faut reconstruire une perspective à gauche, une alternative crédible qui fait aujourd’hui défaut. C’est à cela que nous voulons contribuer.
Aussi, je formule le vœu que l’année 2004 soit celle d’un sursaut social et démocratique.
Mais aussi celle d’une véritable reconstruction d’une perspective transformatrice pour notre peuple.
Les élections régionales et cantonales, européennes seront des moments forts de l’expression de l’opposition à la restauration libérale en cours. Dans chaque région, nos compatriotes pourront dire non à la droite, non à la haine du Front national qui se nourrit de la désespérance et des débats politiciens. Partout, je formule le vœu qu’ils élisent de nombreux conseillers communistes et citoyens en mars.
Je formule le vœu que la droite recule dans toutes les régions.
Les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen, dans leur diversité, poursuivront, tout au long des mois à venir, leur travail d’alerte, d’écoute, de relaisde la population.
La France réelle souffre de l’action de celui qui l’a humiliée en l’appelant la France « d’en bas ». La canicule et ses conséquences dramatiques, l’épidémie de légionellose dans le Pas-de-Calais, l’ancrage du chômage et de la précarité, la régression du pouvoir d’achat, la casse des services publics et l’inégalité devant l’éducation et la culture, l’accroissement des inégalités, sont les réalités de la France d’aujourd’hui.
Les sénatrices et sénateurs de notre groupe, dont presque la moitié sont renouvelables aux prochaines élections sénatoriales, feront prévaloir des choix au service de notre peuple auprès des élus de leur département.
Pour finir, permettez-moi de formuler tous mes vœux pour vous personnellement pour l’année 2004.