Privation de GDF : mensonge d’Etat !

Publié le 27 octobre 2006 à 16:13 Mise à jour le 8 avril 2015

Il aura fallu quelques jours à peine à ce gouvernement et à sa majorité pour brader notre service public de l’énergie, dans le seul et unique but de répondre aux impératifs de la loi du marché, soumettant l’ensemble des activités humaines aux règles de la libre concurrence.

Tout au long des débats, le Ministre a tenté de nous convaincre du bien fondé de cette privatisation. Mais les preuves de l’inefficacité du marché s’accumulant à un rythme croissant, le seul argument sincère qui a été avancé, c’est : « l’Europe l’a décidé ». Tous les autres arguments ne sont que mensonges !

On veut faire croire au peuple de France que les prix vont baisser ; nous avons clairement démontré, notamment avec l’exemple concret des industries papetières, que c’est bien le contraire qui va se passer ! Forcément, les exigences de rentabilité des actionnaires conduiront à modifier les critères de gestion de GDF ! Cela a d’ailleurs conduit la majorité à adopter l’instauration d’un « tarif réglementé transitoire du marché ». Mais là aussi, ce n’est qu’un leurre, puisqu’il s’agit en fait de faire baisser artificiellement les prix du marché pour les seules entreprises, EDF étant prié de financer cette baisse. Au final, ce sont les usagers qui devront payer les dérapages du libéralisme !
Avec ce projet de loi, ce sont donc les ressources publiques et l’ensemble de nos concitoyens qui sont spoliés !

On veut faire croire au peuple de France que cette « fusion » permettrait l’émergence d’un géant européen capable de tirer les tarifs à la baisse auprès des pays producteurs. Là encore ce n’est que mensonge puisque la Commission européenne conditionne la fusion à l’abandon par les deux groupes de plusieurs activités. De plus, la tentative d’OPA hostile menée par monsieur Pinault, bien qu’échouée, est là pour nous démontrer que le futur groupe sera lui aussi soumis aux lois du marché.

Mais le plus gros mensonge reste celui du ministre de l’Intérieur qui s’était engagé, en 2004, au nom Président de la République, à ce que l’État conserve au moins 70 % du capital dans EDF et GDF. Avec l’adoption de l’article 10, qui abaisse à 1/3 la participation de l’Etat au capital de GDF, c’est donc bien la parole d’État qui a été trahie par celui qui aujourd’hui postule à la magistrature suprême !

En outre, ce gouvernement a franchi, avec l’article 6, un pas de plus vers la privatisation des Distributeurs Non Nationaux (DNN), alors même qu’il continue à refuser qu’un bilan des conséquences de la libéralisation de l’énergie soit dressé.

Ainsi, tirant un trait sur l’organisation du secteur énergétique conçue au sortir de la guerre, par la loi de nationalisation de 1946, la droite a sacrifié notre indépendance énergétique, sacrifié nos emplois industriels, sacrifié notre politique environnementale, sacrifié le pouvoir d’achat des ménages !

Annie David

Ancienne sénatrice de l'Isère
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