Nathalie Ménigon ou la justice à deux vitesses ?

Publié le 9 avril 2004 à 16:29 Mise à jour le 8 avril 2015

C’est avec une profonde indignation que Robert Bret apprend le rejet, par la juridiction nationale de libération conditionnelle, de la demande de suspension de peine présentée par Nathalie Ménigon pour raisons médicales.

"Alors que LE FLOCH PRIGENT vient de bénéficier des dispositions de la loi Kouchner et est libre depuis hier, l’ancienne membre d’Action Directe, classée "DPS" - profondément dépressive et hémiplégique après deux accidents vasculaires cérébraux survenus en prison - se voit réserver un tout autre traitement au mépris même du principe à valeur constitutionnelle d’égalité devant la loi.

Pourquoi refuser à Nathalie Ménigon ce qu’on a accordé, hier, à d’autres condamnés comme Papon dont l’état de santé ne semble pas incompatible avec son maintien en détention ? J’y vois pour ma part l’exemple même de l’application d’une justice à deux vitesses.

Pour lui avoir rendu visite à la prison de Bapaume au moment où elle observait une grève de la faim, j’ai pu me rendre compte de son état de santé très alarmant qui justifie une suspension de peine pour lui permettre de se faire soigner convenablement à l’extérieur de la prison.

A un an de la fin de sa peine de sûreté fixée à 18 ans, la France - particulièrement la justice française - s’honorerait à libérer Nathalie Ménigon et à appliquer la loi Kouchner, sans distinction aucune, à tous les détenus atteints d’une pathologie engageant le pronostic vital ou dont l’état de santé est durablement incompatible avec le maintien en détention.

Je reste convaincu, quant à moi, que ce nouveau refus - le troisième ! - ne peut que laisser présager du pire : à tout moment Nathalie Ménigon peut être victime d’un troisième accident cérébral, à tout moment ne peut-elle pas commettre une nouvelle fois un acte désespéré ?

Ceux qui ont décidé de son maintien arbitraire en détention en porteront, alors, une lourde responsabilité".

Robert Bret

Ancien sénateur des Bouches-du-Rhône
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