La commission spéciale, chargée de l’examen de la loi sur la lutte contre le système prostitutionnel, a émis ce mercredi 25 mars 2015 un avis favorable sur un amendement UMP qui rétablirait le délit de racolage.
Elle a également rejeté majoritairement la pénalisation de l’acte sexuel tarifé. Ainsi, c’est encore et toujours la personne prostituée qui est la coupable.
Si beaucoup s’accorde, dans les paroles, à reconnaître la prostitution comme une violence infligée, majoritairement, aux femmes, dans les actes, il en va tout autrement.
Sous prétexte que les mesures prises ne permettraient pas d’abolir la prostitution, le projet de loi est vidé de son sens.
Et en attendant, ce sont les personnes prostituées qu’on renvoie seules face à leurs proxénètes et à des clients totalement « irresponsabilisés »
Faut-il rappeler que 9 personnes prostituées sur 10 sont des femmes qui dépendent de proxénètes et sont victimes de réseaux internationaux de trafics d’êtres humains ?
Au regard de cette analyse, comment accepter cette violence masculine s’exerçant sur des personnes vulnérables, au nom soi-disant d’un rapport sexuel consenti car tarifé ?
L’actualité récente au travers des témoignages des victimes lors du procès "du Carlton" ne fait que confirmer l’urgence à lutter contre la prostitution en responsabilisant les clients.
Il faut donc mettre en place une loi ambitieuse qui s’attaque au phénomène prostitutionnel dans son ensemble, en intégrant tous les acteurs concernés, personnes prostituées, proxénètes et clients.
L’examen en séance, lundi 30 mars et mardi 31 mars, risque donc d’adresser un très mauvais signal de la part du Sénat…
Pour ma part, je voterai contre l’amendement souhaitant rétablir le délit de racolage et je défendrai un amendement pour interdire l’achat d’actes sexuels.
Laurence Cohen,
Sénatrice du Val-de-Marne
Vice-Présidente de la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel
Membre du Groupe Communiste, Républicain et Citoyen