Monsieur le Premier Ministre,
Une nouvelle fois, le gouvernement, cette fois ci par l’intermédiaire de Monsieur Pierre Bédier, Secrétaire d’Etat aux programmes immobiliers de la justice, a tenu des propos déplacés, pour ne pas dire insultants, à l’égard de parlementaires de l’opposition.
Monsieur Bédier répondant à une question de Monsieur Guy Fischer, Sénateur communiste du Rhône, Vice-président du Sénat, sur le respect des libertés syndicales et de l’action revendicative, a déclaré « la République française n’est pas la République des Soviets, il n’y a qu’une loi pour toutes et tous et, vous devriez vous en inspirer ».
Les propos du Secrétaire d’Etat sont inadmissibles. Les parlementaires communistes de par leur histoire ont toujours été au premier rang pour défendre la République et leur pays, la France. Gabriel Péri, député de Seine et Oise et d’autres ont payé leur attachement aux principes de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, de leur sang.
Les membres de mon groupe aujourd’hui ne peuvent accepter ces propos car ils souhaitent précisément que la loi soit la même pour tous. Monsieur Bédier est-il bien certain des affirmations qu’il lance ?
Taxer Monsieur Bové de « provocateur », comme il vient de le faire cet après-midi ne suffit pas à justifier un nouvel emprisonnement gravement attentatoire des libertés publiques.
C’est d’autant plus injustifiable que d’autres coupables de délits d’une toute autre importance ont pu échapper au bras séculier de la justice.
Les propos d’un anticommunisme rare, excessif et dangereux, démontrent bien que le provocateur n’est pas celui que l’on croit.
Nous vous demandons, Monsieur le Premier Ministre, d’intervenir dans les meilleurs délais pour que Monsieur Bédier adresse les excuses nécessaires à Monsieur Fischer et à l’ensemble des sénateurs de mon groupe, en soulignant que de tels propos ternissent une fois de plus la perception du débat politique par nos concitoyens et portent atteinte à la qualité des débats sénatoriaux.
Certaine que vous comprendrez l’émotion qui est la mienne, face à une telle agression verbale de la part d’un membre du gouvernement, je vous prie de croire, Monsieur le Premier Ministre, en mes salutations distinguées.