Le gouvernement envisage de restreindre encore les droits des étrangers

Publié le 11 mai 2005 à 15:25 Mise à jour le 8 avril 2015

par Nicole Borvo Cohen-Seat

La volonté du Ministre de l’Intérieur de renforcer, une nouvelle fois, les mesures contre l’immigration suscite l’indignation et la perplexité.
Considérerait-il que la loi Sarkozy du 27 novembre 2003 relative à la maîtrise de l’immigration ne soit pas assez répressive ?
Elle a pourtant considérablement restreint les droits des étrangers, renforcé la suspicion à leur encontre et a ainsi alimenté l’amalgame entre étrangers en situation en régulière et clandestins.

Dominique de Villepin estime apparemment que c’est insuffisant, puisqu’il propose, entre autres, la création d’un service public de l’immigration, la mise en place de « pôles d’éloignement » dans chaque département, la création d’un fichier national des attestations d’accueil, la modification du code civil pour supprimer la reconnaissance automatique par la France des mariages conclus à l’étranger ou encore l’accélération et la systématisation des visas biométriques.

L’objectif du Ministre est d’augmenter toujours plus les reconduites à la frontière et de réduire les demandes d’asile, au détriment du respect des libertés les plus fondamentales. La culture du chiffre en matière d’immigration clandestine a pour conséquence la multiplication des mauvais traitements des étrangers, aussi bien dans les centres de rétention que dans les zones d’attente.
Son discours sécuritaire d’aujourd’hui est en contradiction avec la volonté gouvernementale à peine dissimulée d’instaurer des quotas, afin de favoriser une immigration purement économique et de livrer ainsi au patronat une main-d’œuvre flexible et bon marché.

A la veille du référendum, il est évident que le Ministre s’inscrit dans le débat sur la Constitution européenne, celle-ci permettant aux Etats membres de fermer les frontières de l’Europe et de créer des camps de réfugiés à ses portes. Les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen rejettent avec cette Constitution toute volonté de créer une Europe forteresse, alors que le développement de l’Europe se conjugue avec celui du monde. Le groupe CRC dénonce l’absence d’ambition de la Constitution européenne en matière de coopération, élément incontournable de toute politique d’immigration.

Nicole Borvo Cohen-Seat

Ancienne sénatrice de Paris et présidente du groupe CRC

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