Refusant le passage en force escompté par le Gouvernement et résolus à faire valoir nos propositions alternatives, les Sénateurs du groupe CRC s’étaient engagés à prendre le temps nécessaire pour défendre une alternative crédible et sérieuse au projet ultra libéral du Gouvernement vecteur de régression sociale.
Ainsi, dix jours après l’ouverture du débat l’examen du projet de loi se poursuit.
Si une réforme de nos retraites s’imposait, nous ne pouvions accepter celle proposée par François FILLON qui balaye notre système par répartition, diminue le niveau des pensions avec une indexation sur l’évolution des prix et non plus des salaires, organise une désolidarisation entre les générations et focalise sur la disparité entre public et privé, pour laisser croire à l’opinion que là est l’injustice.
Sous couvert de progrès social, ne nous trompons pas. Le premier objectif de ce projet de loi est de neutraliser les conséquences de l’augmentation de l’espérance de vie sans augmenter les cotisations ni le financement des retraites, tout simplement en favorisant une augmentation de la durée d’activité au détriment du temps passé en retraite.
Le second, d’encourager la capitalisation et la baisse du coût salarial comme le demande le Médef et de réduire la qualité et la quotité des pensions des fonctionnaires pour diminuer les coûts de fonctionnement de l’État. Ce projet, conforme à la logique libérale du gouvernement, réduit les dépenses publiques pour satisfaire aux exigences du traité de Maastricht et transforme nos retraites par répartition en variable d’ajustement budgétaire au service de la stabilité de l’euro !
Que cela se fasse par une remise en cause du pouvoir d’achat des retraités, que cela contraigne les fonctionnaires à travailler au-delà de 65 ans n’a finalement que peu d’importance pour le gouvernement, du moment que les marchés financiers y trouvent leur compte !
Ce n’est pas au nom du progrès social, mais des sacro-saints principes du traité de Maastricht et du rapport de la Banque mondiale de 1994 que le Gouvernement prétend revaloriser le travail ! Quelle conception de l’équité lorsqu’il s’agit de soumettre l’ensemble des actifs aux mesures BALLADUR agrémentées d’un alignement par le bas.
Par souci d’équité, nous Sénateurs communistes, nous entendons que l’égalité des droits soit réalisée par un alignement sur les conditions les plus avantageuses et non l’inverse.
Nous défendons une véritable réforme du financement des retraites qui prenne en compte une nouvelle répartition des richesses et ouvre la voie à la construction d’une nouvelle logique économique fondée sur l’emploi pour pérenniser notre système par répartition, assurer un haut niveau de pension et garantir la retraite à 60 ans. Tel est l’objectif des amendements que nous avons déposés.
Eu égard les attentes des salariés et retraités, nous nous faisons un devoir moral de continuer à défendre tous nos amendements quel que soit le temps que cela prendra.